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Frappe américaine au Pakistan

Anne Le Touzé16 janvier 2006

Vague de protestation anti-américaine ce week-end au Pakistan, après une frappe militaire sur un village proche de la frontière afghane. Une attaque qui visait le numéro 2 du réseau terroriste Al-Qaïda, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri. Résultat : 18 civils ont été tués et la cible a priori manquée. Même si le Pentagone dément toute opération de l’armée américaine dans la région, ce n’est pas la première fois que les Américains frappent des cibles stratégiques au Pakistan, et ce malgré la coopération d’Islamabad dans la lutte contre le terrorisme.

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Pervez Musharraf est coincé par son alliance avec les Etats-Unis.
Pervez Musharraf est coincé par son alliance avec les Etats-Unis.Image : dpa - Report

Une précision comme toujours fatale, note la Süddeutsche Zeitung. Les Américains ne le reconnaîtront pas, mais le monde entier sait que Washington est responsable de ces missiles envoyés quelque part sur les montagnes du Pakistan. Les attaques sur des civils, et surtout sur des enfants, anéantissent tout le crédit dont bénéficiaient les Etats-Unis au Pakistan et dans le monde islamique, grâce à leur aide rapide après le séisme du Cachemire, note le journal. Le gouvernement Bush a-t-il bien mesuré les risques de cette stratégie ? Certainement. Mais Washington se considère en état de guerre et est prêt à en assumer les dégâts collatéraux.

Un tel scénario serait inimaginable en Europe, relève la Frankfurter Rundschau. Mais c’est pourtant ce qui s’est passé à 5000 kilomètres d’ici. Et les Etats-Unis n’ont pas encore estimé nécessaire d’expliquer ce qui les pousse à ces incursions « à la Rambo », dans un pays qui est leur principal allié dans la lutte contre le terrorisme. La frappe militaire est une nouvelle preuve de l’arrogance avec laquelle les Américains enfreignent le droit international dans leur croisade et entraînent des pays indépendants sur leur terrain de jeu militaire.

Pervez Musharraf pensait améliorer sa réputation et celle de son pays en s’alliant à la lutte internationale contre le terrorisme. Le bombardement américain doit lui apparaître comme une claque cinglante, estime quant à elle la Tageszeitung. Les Américains se fichent apparemment de savoir qui, au Pakistan, tient les rênes du pouvoir, tout comme ils n’ont cure des promesses ou des accords. Washington, poursuit le quotidien berlinois, ne se sent pas concerné par le fait que de telles opérations entraîne presque systématiquement la mort de civils, ou que les combattants d’Al-Qaïda soient régulièrement manqués.

Pour Die Welt, le message adressé aux terroristes est aussi brutal qu’univoque : « nous vous poursuivons, et tôt ou tard nous vous détruirons ». Cette tactique de liquidation détruit la réputation américaine et déstabilise les alliés, reconnaît le journal. Mais à défaut d’autres moyens probants, elle conduira peut-être un jour à la victoire, dans un conflit où il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur.