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Franz Müntefering remplace Gerhard Schröder à la tête du SPD

Sandrine Blanchard22 mars 2004

Ce matin, le thème qui revient dans tous les journaux, c’est bien sûr le changement à la tête du SPD. Franz Müntefering a été élu ce week-end à Berlin pour succéder à Gerhard Schröder, à la tête des sociaux-démocrates. Or Franz Müntefering, malgré sa meilleure image auprès des militants, est très proche politiquement du chancelier. Enjeux et débats de cette nouvelle présidence, vus par les journaux.

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Image : AP

« Peu de politique, pas de discussion, mais beaucoup de sentiments ». Voilà comment résume la tageszeitung ce congrès de Berlin. Le journal regrette que le SPD soit incapable de proposer une alternative à son programme de réformes, l’agenda 2010, présenté comme la solution miracle à tous les problèmes du pays. Et le journal se lance dans une amère moquerie du parti, qui tente de sauver, au moins pour la photo et les syndicats, le « S » de son acronyme, qui signifie « social ». Alors, pour pallier ce manque d’alternative politique, la tête du SPD joue la carte du sentiment, avec la petite larme du chancelier, et celle de Doris, sa femme à la passation de pouvoir. Mais la taz revient à la charge en dénonçant la manie du chancelier de se mettre les entrepreneurs dans la poche et de reprendre à son compte le diktat des milieux économiques et du capital, ce que Franz Müntefering appelle ensuite « les défis nationaux et internationaux. »

« Quelques larmes, et beaucoup de pathos. » pense aussi le journal communiste Neues Deutschland, qui ne s’est manifestement pas laissé attendrir par l’émotion du chancelier. Pour le quotidien berlinois, le SPD doit maintenant sortir de sa vallée de larmes. Finie, l’ère de la « médiacratie » à la Schröder, Müntefering, ancien metallo, doit redonner une bouffée de camaraderie aux militants du parti. Car, toujours selon Neues Deutschland, la seule raison pour le choisir lui comme successeur, c’est qu’il fallait trouver quelqu’un pour expliquer, de façon crédible, que le verre à moitié vide est en fait à moitié plein.

Pour la Leipziger Volkszeitung c’est simple : sans croissance économique et, surtout, sans nouveaux emplois, le SPD n’a de toute façon aucun avenir au gouvernement.

À l’instar de la Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Rundschau rappelle le maître mot des recommandations des membres du SPD à « Münte », du surnom de leur nouveau chef : la sincérité. Oui car la tension est grande, analyse le journal, entre le chancelier et, d’une part, l’aile gauche de son parti, qui le menace de scission s’il reste campé sur l’agenda de réformes, et, d’autre part, les syndicats. Mais ce que la Frankfurter Rundschau déplore, ce sont les thèmes absents du congrès... la pauvreté du discours. Pourquoi, se demande-t-elle, les dirigeants du SPD n’ont pas pipé mot sur la société civile, les droits des citoyens, ou les politiques en matière d’énergie et de protection de l’environnement ? Le débat vole bas. Alors le quotidien pose la question : est-ce que le SPD sera en mesure, avant la fin de l’année, de sortir de sa logique d’adaptation à tout prix de l’Allemagne, sous la pression de la mondialisation, sortir de cette logique, pour élaborer un véritable projet politique.

Coup d’œil à la presse conservatrice pour finir. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle le nouveau fonctionnement bicéphale du SPD : Gerhard Schröder reste le chef politique pour l’extérieur, en tant que chancelier ; il doit s’adresser à l’ensemble de l’électorat allemand, alors que le rôle de Franz Müntefering est interne au parti ; il lui faut calmer la base et diriger le groupe social-démocrate au Bundestag. Car la différence principale entre les deux hommes, selon le journal, c’est que si Gerhard Schröder a des ambitions nationales, Franz Müntefering lui, a toujours été un homme de l’appareil politique. C’est un homme qui ne s’est jamais présenté aux élections, qui a fait carrière au sein du SPD. Ce n’est donc pas un concurrent pour le chancelier. Et Franz Müntefering incarne davantage la tradition du parti, qui se veut plus qu’une association d’électeurs. Il parvient à s’attirer l’attention et l’aval des militants. Au centre de sa volonté : que son parti reste au pouvoir. Il n’agit pas en visionnaire, il s’en tient au faisable et au nécessaire.