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Folle rumeur en Haïti

19 novembre 2010

La population accuse les casques bleus d'être responsables de la propagation du choléra. Les violences perturbent la lutte contre l'épidémie et l'hypothèse d'une manipulation politique est probable

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Les manifestants accusent les casques bleus d'avoir introduit le virus du choléra en Haïti
Les manifestants accusent les casques bleus d'avoir introduit le virus du choléra en HaïtiImage : AP

Alors même que l'épidémie qui a déjà fait plus de 1100 morts n'est toujours pas sous contrôle, la situation est en train de devenir irrationnelle en Haïti où les affrontements se multiplient entre la population et les soldats de l'ONU. Ces incidents ont été rapportés dans la capitale Port-au-Prince, où la police a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule, mais aussi dans les villes de Hinché à l'Est et de Cap-Haïtien au Nord où deux personnes au moins ont été tuées lors de heurts entre des émeutiers et des casques bleus.

A l'origine de ces violences, il y a une rumeur folle : l'épidémie se serait propagée à partir des latrines d'un cantonnement de soldats népalais de la Minustah, la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti, des latrines situées en bordure du fleuve Artibonite qui est l'endroit d'où est partie l'épidémie de choléra. La rumeur a été qui plus est renforcée par deux éléments. Le premier est une information publiée par les médias suédois selon laquelle l'ambassade de suède à Port-au-Prince aurait déclaré que le Népal était à l'origine de cette épidémie. Le second élément est que les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies et l'Organisation panaméricaine de la santé ont confirmé que l'infection est due à une source bactérienne identifiée auparavant en Asie.

Une malade transportée dans un hôpital de Port-au-Prince. Les violences retardent l'acheminement de l'aide
Une malade transportée dans un hôpital de Port-au-Prince. Les violences retardent l'acheminement de l'aideImage : AP

Manipulations politiques

Interrogé sur cette rumeur, le porte-parole des Nations unies, Farhan Hacq, a rappelé qu'il n'existe aucune preuve de ce scénario. Le discours est d’ailleurs le même du côté de la Minustah. « Nous avons fait réaliser des analyses dans des laboratoires en Haïti », a expliqué le général Valdir Campelo, porte-parole de l'armée brésilienne en Haïti. « Une seconde série de tests ont été pratiqués par un autre laboratoire en République dominicaine et rien n'indique que la source de la contamination soit à rechercher du côté des soldats népalais. »

A un peu plus d'une semaine des élections présidentielles mais aussi législatives qui vont se tenir sur l'île le 28 novembre, le risque d'une exploitation politique de ces peurs est d’ailleurs tout à fait possible. La chaine américaine CNN a indiqué que les émeutiers s'en prennent plus particulièrement aux affiches électorales de Jude Célestin, dauphin du chef de l'Etat sortant René Préval.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Sandrine Blanchard