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Fischer/Afrique - RDC

Marie-Ange Pioerron31 octobre 2003
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Afropresse l'Afrique à travers la presse allemande.

Nous commençons par le voyage en Afrique du ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer.
Cinq jours pour l'Afrique, comme le titre la Frankfurter Rundschau à propos de cette tournée de Joschka Fischer au Mali, en Namibie et en Afrique du sud. Les deux premières étapes ont été les plus brèves, mais la Namibie étant une ancienne colonie allemande, le journal s'arrête plus particulièrement sur la visite du ministre à Windhoek. 90 ans après la fin de l'époque coloniale, l'influence allemande reste omniprésente en Namibie, note notre confrère. 25 000 des 1,8 million d'habitants sont allemands. S'y ajoutent 60 000 touristes allemands par an. Autant dire que les relations bilatérales sont étroites. Au cours des treize dernières années ce ne sont pas moins de 500 millions d'euros qui ont été alloués à la Namibie par l'Etat, les fondations ou les institutions privées de la République fédérale, soit beaucoup plus qu'à n'importe quel autre pays du monde. Mais, poursuit le journal, les relations entre ces deux partenaires inégaux ont aussi des aspects plus troubles. Ce sont, d'une part la question de la réforme agraire en Namibie, qui a fait craindre l'an dernier une nationalisation de toutes les fermes dont les propriétaires ne résident pas dans le pays, de l'autre les demandes de réparations émanant du peuple herero. Sur ce dernier point, souligne le journal, le gouvernement allemand est fermé à tout compromis. Certes personne ne nie que le général von Trotta, qui commandait les troupes impériales allemandes, a commis un acte atroce il y a très exactement 99 ans en chassant des dizaines de milliers de hereros révoltés vers le désert d'Omaheke, où il les a laissés mourir de soif. Mais Berlin refuse de verser des réparations. La raison : l'Allemagne estime qu'elle assume sa responsabilité historique par le biais de son aide bilatérale et que le versement d'argent aux Hereros comprometterait le fragile équilibre entre les différents peuples de la Namibie.

Autre thème de réflexion, cette semaine pour la presse allemande: la fin des travaux de la commission mise en place par l'ONU pour enquêter sur le pillage de la République démocratique du Congo.
Le rapport final soumis par la commission d'enquête au conseil de sécurité de l'ONU, - du moins ce qui en a filtré à l'extérieur- inspire à la Tageszeitung de Berlin ces deux titres révélateurs : « l'ONU lave plus blanc », dans son édition de mercredi, et « Les criminels de guerre du Congo respirent » dans son édition de jeudi. De source bien informée, pour reprendre la formule consacrée, le journal affirme que tout le chapitre V du rapport a été supprimée par le secrétaire général de l'ONU en personne, Kofi Annan, de la version finale publiée à New York. Ce chapitre V atteste la poursuite des relations d'affaires entre le Rwanda, ex-principal parrain des rebelles congolais, et des politiciens congolais très sceptiques à l'égard du processus de paix en cours. Cette censure, souligne le journal, est une triste fin pour le travail du panel d'experts de l'ONU sur l'exploitation illégale des richesses naturelles de la République démocratique du Congo. Elle rend aussi de plus en plus improbable l'ouverture de poursuites pénales contre de présumés criminels de guerre en RDC. Le procureur de la Cour pénale internationale a certes évoqué à plusieurs reprises l'engagement de poursuites pour crimes de guerre au Congo, mais la CPI ne peut juger que des actes commis depuis l'entrée en vigueur de ses statuts, le 1er juillet 2002. La plupart des crimes de guerre au Congo remontant plus loin dans le temps, le gouvernement congolais d'union nationale a demandé aux Nations unies la mise en place d'un tribunal ad-hoc pour le Congo. Un appel resté jusqu'à présent sans écho, souligne le journal.