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Fin de l'ère Stoiber en Bavière

Sandrine Blanchard19 janvier 2007

Edmund Stoiber, ministre-président de Bavière et chef de l’Union chrétienne-sociale, démissionnera de ses fonctions au mois de septembre prochain, il l’a annoncé hier. Avec le départ d’un personnage emblématique aussi décrié, c’est une page d’histoire politique qui se tourne dans le Land le plus riche du pays.

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Edmund Stoiber
Edmund StoiberImage : AP

« Même pas mal, même pas mal », voilà ce que crient depuis plusieurs semaines à la CSU des conseillères régionales, des députés, des ministres d’Etat et même, en tête de cortège, le président du parti, tout en se plantant mutuellement des poignards dans la poitrine... Il est vraiment surprenant, estime la Süddeutsche Zeitung, qu’un parti comme la CSU, avec un tel potentiel d’hystérie, ait pu diriger si longtemps et relativement bien un Land tel que la Bavière.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c’est le refus d’Edmund Stoiber, fin 2005, d’un ministère à Berlin qui a précipité sa chute car ce refus exprimait sa méfiance vis-à-vis de la grande coalition dirigée par Angela Merkel. Quant à la chancelière, si elle rencontrait des difficultés avec le chef de la petite sœur bavaroise de la CDU, pour elle, l’après Stoiber s’annonce encore plus compliqué.

« Merci, Madame Pauli ! », titre la tageszeitung. En Une, on voit le visage rayonnant de celle qui a causé le départ de Edmund Stoiber. Gabriele Pauli, élue locale de la CSU, avait accusé le chef de cabinet du ministre-président de Bavière d’avoir fait espionner sa vie privée. La taz se réjouit, donc, de la retraite politique d’Edmund Stoiber et compare ses derniers jours à ceux du SED d’Allemagne de l’Est. Le journal de gauche s’amuse des serments de fidélité à leur chef prononcés par les conservateurs bavarois, des serments qui ne tenaient que quelques heures, sans parler des poses caricaturales adoptées par les différents pontes de la CSU, dont chacun claironnait ses propres plans de sauvetage, caducs avant même que d’être annoncés. La taz qualifie le départ d’Edmund Stoiber de « repli désordonné », voire chaotique, mais c’est la conséquence logique, selon le journal, de la culture interne à la CSU, un parti à la structure autoritaire, où le chef à toujours raison et où toute voix critique suscite la suspicion.

« On aimerait bien vouloir, mais on n’a pas osé pouvoir ». Cette citation – limpide ! – du comédien bavarois Karl Valentin résume bien, d’après Die Welt, la mentalité compliquée de ses concitoyens de Bavière. Pendant un demi-siècle, la CSU suivait l’adage du comédien, mais désormais, on a osé pouvoir. D’où le chaos qui règne au sein de la CSU, alors que ce parti se présentait comme très uni et ordonné. Se pose désormais la question de la succession d’Edmund Stoiber : les membres de la CSU devront choisir entre le paternalisme quasi-monarchique d’un Günther Beckstein, le manipulateur façon Erwin Huber, le social incarné par Horst Seehofer ou le côté plus berlinois d’un Michael Glos.

La Frankfurter Rundschau souligne elle aussi que les rivalités autour de la succession d’Edmund Stoiber au sein du parti et à la tête de la Bavière montrent à quel point la crise est grave, à la CSU. Le parti a besoin de se renouveler d’urgence faute de quoi il ne serait plus qu’un parti régional à tendance folklorique.