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Falloujah - un enjeu politique

Yann Durand10 novembre 2004

L’armée américaine contrôle au trois quart la ville de Falloujah grâce à la la plus grande offensive militaire depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Si l’issue de la bataille apparemment ne fait pas de doute, en revanche celle de la guerre contre les rebelles est incertaine. D’autant qu’avec le retrait des sunnites du gouvernement provisoire, l’enjeu politique du conflit se précise. La presse allemande commente largement la situation ce matin.

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Des marines et leurs prisonniers à Falloujah
Des marines et leurs prisonniers à FalloujahImage : AP

Le grand défi pour les américains écrit la Tageszeitung de Berlin consiste à concquérir la ville sans toutefois causer trop de dégats collatéraux. Dans le cas contraire, les USA risquent de créer beaucoup d’autres Falloujah. Les rebelles le savent qui ne se gêneront pas pour infliger de lourdes pertes aux marines, dans l’espoir de les voir tirer sur tout ce qui bouge. Mais épargner les populations civiles n’est pas non plus une garantie de paix, l’exemple de Samarra tombée il y a peu sans grande résistance le prouve, prévient le journal. Depuis l’ampleur du chaos n’a pas changée.

Mais voila, c’est la conviction inchangée que la guérilla irakienne n’est pas invicible qui conduit les forces américaines à employer les armes - souligne la Frankfurter Rundschau. Falloujah doit faire office de détonateur. Tant pis pour les civiles, tant pis pour la vague d’antiaméricanisme qui en résultera au sein du monde arabe. La stratégie des USA elle aussi se radicalise : la tentative par le feu de raisonner le triangle sunnite en vue des élections n’autorise plus de sentiments pour ses électeurs.

Et la Süddeutsche Zeitung de renchérir : À Falloujah s’est développée une dangereuse autonomie, loin de toute autorité étatique. A l’intérieur règne une rigueur digne des talibans, vers l’extérieur s’exprime la terreur. Si le scrutin prévu en Janvier doit avoir le moindre sens, alors de tels trous noirs ne doivent plus exister sur la carte de l´Irak.

Quant à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle analyse la genèse de ce trou noir. Beaucoup d’habitants de Falloujah était à la solde du régime de Sadam Hussein. Ils utilisent donc leur énergie contre le nouveau pouvoir, qui somme toute les a mis au chômage technique en faisant chuter le dictateur. Et de par sa situation favorable, continue le journal, la ville a en outre attiré des extrémistes étrangers. Et Enfin les sunnites craignent de perdre en influence dans un Irak démocratique dirigé par une majorité de chiite. Cela explique leur farouche opposition aux élections.