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Expulsions massives d'Afghans par l'Allemagne

24 avril 2017

L'opposition de gauche et Pro Asyl réclament l'arrêt de ces expulsions que les autorités allemandes ne justifient pas, alors que la violence reste une réalité sur le terrain.

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Frankfurt aM Abschiebung abgelehnter Asylbewerber nach Afghanistan
En décembre 2016, une cinquantaine d'Afghans ont été expulsés vers Kaboul Image : picture-alliance/dpa/B. Roessler

Trois jours après une attaque talibane qui a fait plus de 130 morts sur une base militaire dans le nord de l'Afghanistan, le ministre de la Défense et le chef d'Etat-major ont présenté leur démission aujourd’hui même. Des démissions acceptées par le président Ashraf Ghani. L’insécurité est toujours de mise en Afghanistan, et pourtant, l’Allemagne a décidé de procéder à une nouvelle vague d’expulsions de ressortissants afghans. Sur 255 000 ressortissants afghans présents sur le sol allemand, le gouvernement prévoit d'en renvoyer près de 13 000 dans leur pays d'origine.

 

Moins de dossiers acceptés, davantage d'expulsions


Lundi soir, les autorités devaient procéder pour la cinquième fois depuis décembre dernier, au retour forcé d’un groupe de migrants afghans dans leur pays. Une cinquantaine de personnes seraient concernées, même si l’aéroport de Munich, d’où les avions devaient décoller, n’a pas souhaité confirmer.  

De moins en moins de demandeurs d’asile afghans voient leur demande acceptée en Allemagne. Si 77,6% d’entre eux obtenaient une réponse favorable des autorités allemandes en 2015, ils ne sont plus que 47,9% depuis le début de cette année. Des chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur en réponse à une requête du groupe parlementaire de gauche Die Linke. Toutefois, le ministère ne dit pas pourquoi de moins en moins de demandes d'asile sont acceptées. 

 

Demo gegen geplante Abschiebung am Frankfurter Flughafen
Manifestation en décembre 2016 à Francfort contre une expulsion Image : picture-alliance/dpa/S. Prautsch

Protestations de la gauche et de Pro Asyl
 

Quelles que soient ces raisons, ces statistiques offusquent l’opposition de gauche en Allemagne, qui dénonce une politique du chiffre destinée à dissuader les futurs demandeurs. Une décision jugée « terriblement » inconsciente de la part du gouvernement qui « nie » la réalité sur le terrain pour justifier les expulsions en augmentation. L'organisation "Pro Asyl" partage ce point de vue. "Pro Asyl" qui vient en aide aux réfugiés et qui réclame l'arrêt des expulsions vers l'Afghanistan, d'autant que les autorités allemandes ne se préoccupent pas du sort des expulsés une fois rentrés chez eux.

Les Nations unies indiquent dans un rapport publié à Genève et à Kaboul que le recours à la torture est devenu plus fréquent, en Afghanistan, dans la lutte contre les insurgés, et notamment les talibans. Des mineurs seraient aussi victimes de mauvais traitements. Une situation qui doit être examinée jusqu’à demain par des experts de la Convention contre la torture, ratifiée par l’Afghanistan il y a trente ans.

Le coût d’une telle expulsion groupée représente environ 1,3 millions d’euros, soit 320 000 euros par personne expulsée. Ces frais sont pris en charge par l’Agence europénne de protection des frontières, Frontex.

Par ailleurs, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, effectue justement une visite surprise en Afghanistan. L’administration Trump entend revoir la stratégie américaine dans ce pays.
Et puis en Allemagne, le procès d’un taliban présumé s’est ouvert à Munich. L’homme aurait suivi une formation militaire auprès des milices islamistes afghanes entre 2014 et 2015. Il était mineur au moment des faits.