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Eskinder Nega écope de 18 ans de prison

Eric Séguéda13 juillet 2012

Un tribunal d'Addis Abeba a condamné le célèbre journaliste Eskinder Nega, à 18 ans de prison pour « terrorisme ». Vingt trois autres militants ont écopé des peines allant de huit ans d'emprisonnement à la perpétuité.

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Image : picture-alliance / dpa

Selon Addis Abeba, les 24 personnes condamnées ont toutes été reconnues coupables d'activités terroristes. Certaines d'entre elles risquaient la peine de mort. L'accusation n'a finalement requis "que" la perpétuité. C'est dans ces conditions qu'Eskinder Nega, célèbre journaliste éthiopien - détenu à maintes reprises pour ses critiques contre le régime d'Addis notamment lors des élections controversées de 2005 - a été condamné à 18 ans de prison.

Un procès politique ?

C'est en tout cas ce que dénoncent plusieurs organisations de défense des droits humains. Depuis l'adoption par l'Ethiopie en 2008, d'une série de lois visant à réprimer les opposants au régime, près de 34 journalistes et opposants éthiopiens ont été arrêtés et jetés en prison. Laetitia Bader de Human Rights Watch exprime son indignation :

« Le gouvernement éthiopien est en train de se servir de tout instrument possible pour bâillonner les médias indépendants. Il est même clair que l'application de cette loi anti-terroriste est un alibi pour empêcher le traitement impartial et critique de l'information. »

Réprimer les voix discordantes

Meles Zenawi, Premierminister von Äthiopien
Meles Zenawi, Premier ministre éthiiopien depuis 1995Image : picture-alliance/dpa

La loi intitulée « telecom fraud » par le gouvernement éthiopien provoque également des remous au sein des organisations de la société civile éthiopienne. Celle-ci permet en effet aux autorités gouvernementales de réglementer sévèrement les télécommunications dans le pays. Hailu Araya, du parti de l'unité pour la démocratie et la justice (opposition) dénonce ces lois taillées sur mesure et qui n'ont qu'un seul objectif : réprimer toute voix discordante.

« Il ya déjà une loi appelée loi des ONG, qui permet de museler ces organisations indépendantes. Elle a le même objectif que la loi antiterroriste et telecom fraud. Nous avons à faire à un régime qui met en place un système légal de contrôle global. »

Toutes ces condamnations mettent parallèlement en lumière les nombreuses inquiétudes concernant le respect des libertés individuelles et collectives dans un pays qui se veut pourtant leader sur le continent. Les Etats-Unis, allié militaire non négligeable d'Addis Abeba n'ont pas manqué d'exprimer leur "profonde inquiétude" face aux condamnations à répétition en Ethiopie.