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Entrée du NPD au Parlement régional du Mecklembourg-Poméranie Occidentale

Ph.Pognan18 septembre 2006

Trosième représentation parlementaire d'un parti d'extrême-droite dans l'est de l'Allemagne

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Udo Pastörs et Thomas Wulff, deux membres du NPD de Mecklembourg-Poméranie Occidentale
Udo Pastörs et Thomas Wulff, deux membres du NPD de Mecklembourg-Poméranie OccidentaleImage : picture-alliance / dpa

Lors des élections régionales de dimanche dans la Ville Etat de Berlin , le NPD, le « Parti national - démocratique d'Allemagne » a raté son objectif d'entrer au Parlement régional, ne recueillant que 3,5% des suffrages. Cependant, ce parti néo-nazi a eu davantage de succès lors de l’autre scrutin régional en Mecklembourg-Poméranie occidentale. Là, le NPD a obtenu 7,3% des voix , et fait donc son entrée au Parlement de ce Land de l’est. Avant le scrutin de dimanche, le NPD siégeait déjà au parlement de Saxe, au sud-est de Berlin. Et un autre parti d'extrême droite, l'Union populaire allemande (DVU), occupe lui aussi des sièges au Brandebourg, Land qui encercle la capitale fédérale. La percée de partis xénophobes et nationalistes dans des scrutins régionaux montre que l'extrême droite allemande ne doit pas être sous-estimée ou banalisée...

Pour la plupart des partis établis comme pour l’opinion publique ou les médias, les succès électoraux du NPD ne traduisent que l’expression d’un mécontentement, d’un « ras-le-bol » vis-à-vis d’une politique qui n’offre pas de réponse immédiate et simple à des problèmes concrets . Une opinion largement répandue mais que ne partage pas Wolfgang Thierse, membre du directoire du SPD. Pour le vice - Président du Bundestag, cette explication ne fait que dangereusement banaliser une attitude politique selon lui fatale. Ce ne sont pas les partis démocratiques qui sont responsables, mais les électeurs « bruns » eux-mêmes, et les motifs qui les ont poussé à donner leur voix au NPD sont plus différenciés…selon Wolfgang Thierse :

L’expérience de la démocratie en Allemagne de l’Est est premièrement plus récente, deuxièmement, plus contradictoire. Le »oui » à la démocratie, avec toutes ses peines et difficultés doit être dit dans une situation où ,certes, les problèmes économiques et sociaux sont toujours énormes, où l’expérience du chômage existe, ou même la peur de perdre son emploi. Mais je m’oppose tout à fait à ce que l’on excuse toujours les électeurs d ’extrême droite en évoquant des problèmes sociaux. Il faut savoir que le NPD, que les partis d’extrême - droite ont agi stratégiquement en choisissant l’est de l’Allemagne. Ils y ont envoyé leurs activistes, leurs idéologues dans l’espoir fondé de toucher là une population désemparée accessible aux solutions faciles. Plus les gens sont incertains, plus ils ont des doutes et plus ils ont besoin de réponses simplistes. Et là les partis d’extrême droite leur offrent des slogans tels que "C’est la faute des étrangers, ils doivent quitter le pays“ ou bien » Les emplois, d’abord aux Allemands " etc…

Ce qui est absurde, relève Wolfgang Thierse, c’est que « la xénophobie, la haine de l’étranger, est particulièrement forte là où vivent peu d’étrangers. Dans le Mecklembourg- Poméranie occidentale, il y a seulement deux à trois % de citoyens d’origine étrangère. Nous devons nous rappeler qu’en Saxe, au Brandenbourg et dans la Saxe-Anhalt, c’est la même chose. On ne peut donc pas expliquer de tels votes par l’expérience de difficultés avec des étrangers, mais c’est une réponse simple pour certaines gens dans une situation difficile. On connaît ce phénomène de l’histoire allemande. C’est comme cela aussi que les nazis sont devenus grands [ …]. On doit savoir qu’avec l’expérience de la RDA en mémoire et son autoritarisme, les attentes placées en l’Etat et la politique, sont énormes. Des attentes qui proviennent de l’époque de la RDA, et qui se sont tournées vers l’ouest. Et ces attentes à l’adresse de l’Etat et de la politique sont régulièrement décues. En politique les miracles n’existent pas.. Les problèmes du chômage, de l’injustice sociale, on ne peut les résoudre que péniblement , pas par pas .Cela produit une violente impatience , un mécontentement avec la démocratie qui sont aussi renforcés par les médias.On ne comprend pas de quoi les politiciens débattent, que ce soit à Berlin, Schwerin ou ailleurs. Tout cela mène à un éloignement vis à vis de la démocratie, voire même un mépris vis à vis de son personnel politique…

Selon Wolfgang Thierse, il est à craindre qu’une telle évolution ne s’amplifie, ne se renforce, surtout lorsque l’on constate que la majorité des électeurs du NPD dans le Mecklembourg- Poméranie occidentale sont des jeunes gens : "Là force est de constater que nous avons une énorme tâche d’éducation politique à remplir, une énorme tâche, dans le domaine du travail social et culturel, un travail d’enseignement pratique des principes démocratiques, surtout auprès des jeunes."

Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral des Statistiques, seuls 38% des habitants de l’ex RDA, dans la partie est de l’Allemagne, estiment que la démocratie est la meilleure forme d’Etat. QOn peut donc se demander ce que veulent donc les 68% restants ?