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En Éthiopie, le raidissement du pouvoir

Inès Gakiza
11 octobre 2016

Alors qu'Angela Merkel conclut sa tournée africaine par une visite à Addis-Abeba, le face-à-face entre le pouvoir et les mouvements contestataires est de plus en plus inquiétant, dans un pays en état d'urgence.

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Äthiopien Protesten der Oromo in Bishoftu
Image : REUTERS/File Photo/T. Negeri

La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas renoncé à faire étape en Éthiopie, malgré l'état d'urgence imposé depuis hier lundi, 10 octobre, pour les six prochains mois. En haut de son agenda, il y a surtout l'inauguration d'un batîment de l'Union africaine, dont la construction a été financée en partie par l'Allemagne, mais Angela Merkel profitera également de sa visite rapide - une journée - en Éthiopie pour rencontrer certains membres de l'opposition. Car dans le pays, comme à l'international, on s'inquiète des conséquences de l'état d'urgence sur les libertés dans le pays: pour les défenseurs des droits de l'Homme, c'est surtout un moyen de verrouiller encore un peu plus l'espace public.

Äthiopien Trauer für gestorbenen Demonstranten
L'état d'urgence est décreté pour six mois, après une vague de violences anti-gouvernementales dans tout le paysImage : picture-alliance/AP Photo/K. Prinsloo

Le gouvernement cherche à se faire entendre

Manifestations, destructions de batîments publics et d’entreprises étrangères d’un côté, répressions  de l’autre: c’est la situation que traverse l’Ethiopie depuis déjà quelques mois. L’état d’urgence décrété ce dimanche, 10 octobre est un durcissement de ton de la part du gouvernement, qui tente de se faire entendre. Mais difficile de savoir s’il  y arrivera, estime Lemma Yifrashewa, politologue éthiopien, car selon lui, l’état d’urgence n’est pas la solution adéquate pour régler la crise éthiopienne: "C'est un moyen pour le gouvernement d'imposer provisoirement le calme et d'identifier les éléments au sein de la population qu'il juge responsable des troubles. D'enquêter sur leurs communications, de fouiller dans leurs téléphones, leurs ordinateurs - bref de les intimider-, difficile de dire s’ils y arriveront. En tant qu’Ethiopien, je conseille au gouvernement de parler avec la population et les forces politiques et de tenter de résoudre ces problèmes politiques par un dialogue pacifique et non un état d’urgence".

Äthiopien Trauer für gestorbenen Demonstranten
Après la bousculade qui a coûté la vie à au moins 55 personnes - le bilan officiel, contesté - la contestation a pris de l'ampleurImage : REUTERS/Tiksa Negeri

La liberté d'expression menacée

La mesure du gouvernement éthiopien n’est pas sans conséquences pour les journalistes, déjà censurés jusqu’ici par la loi anti terroriste, une loi jugée flou quant à ses exigences envers les professionnels des médias. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) se dit préoccupée par le respect de la liberté d’expression dans ce pays - Clea Khan-Striber, responsable du bureau Afrique au sein de RSF: "En l'absence de définition claire de ce que recouvre l'état d'urgence, cela peut être un 'fourre-tout' pour museler toute tentative de reportage sur ce qui se passe dans le pays, notamment sur les manifestations et évidemment sur la façon dont les manifestations sont réprimées par les forces de l'ordre". Depuis presque une semaine déjà, internet est bloqué à Addis-Abeba et l’accès aux réseaux sociaux est coupé.


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