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L'intégration main dans la main avec la population locale

5 mars 2018

Le centre d'accueil "Villaggio La Brocchi", en Toscane, veut aider les nouveaux arrivants à intégrer la communauté locale par le biais d'initiatives innovantes, comme par exemple une chorale communautaire.

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Stadtansicht Civitella
Image : lite - Fotolia.com

Par une belle journée de janvier, trois habitants du Villaggio La Brocchi, emmitouflés dans des vestes d'hiver, se tiennent sur le bord de la route sinueuse, non loin de Borgo San Lorenzo, en Toscane, une petite commune de 18 300 personnes. C'est là, à quelques pas du centre d'accueil, que les migrants récemment arrivés attendent le bus qui les emmène en ville pour leur cours d'italien. 

Villaggio La Brocchi, qui accueille 38 familles de réfugiés, est une ancienne villa transformée en "progetto accoglienza", une maison d'accueil. Niché dans une vallée entre Florence et les montagnes des Apennins, le Villaggio La Brocchi a été créé en partenariat avec le SPRAR (Système de protection des réfugiés et des demandeurs d'asile), le programme chargé de l’intégration économique et sociale des réfugiés.

Villaggio La Brocchi compte trois maisons partenaires réparties dans toute la région. Toutes accueillent des familles de réfugiés venues récemment du Liban, d'Irak, de la Syrie, du Nigeria et d'Afghanistan.

Une réponse adaptée aux nouveaux venus

Le centre fournit un soutien juridique et sanitaire aux réfugiés, dispense des cours de langue, forme à l'emploi ou encore fournit des services de garde sur place pour surveiller les 27 enfants répartis dans les différentes structures.

Contrairement aux immenses camps de réfugiés du pays, comme Cara di Mineo qui abrite 2 000 personnes, le projet Villaggio La Brocchi accueille un nombre réduit de demandeurs d'asile. 

"Dans un endroit comme Cara di Mineo, c'est très difficile de trouver des formes d'intégration qui conviennent à tout le monde. Si vous recevez 2000 personnes en même temps, vous traitez la situation comme un cas d’urgence", explique le président du projet, Luigi Andreini. "A Villaggio La Brocchi, c'est l'inverse. On se sent chez soi".

À la place des grillages, le Villagio La Brocchi est entouré d’une immense forêt avec de grands arbres, et d'une cour avec une aire de jeux pour les enfants au centre. Le vaste domaine abrite également un restaurant, Ethnos, dirigé par la chef cuisinière Sara Tagi, une réfugiée éthiopienne, et une maison d'hôtes, La Tinaia, qui peut accueillir des conférences.

L'intégration comme une voie à double sens

Dans le cadre de son mandat, le SPRAR travaille en coopération avec la société civile. Au delà des services d'intendance, il vise à offrir un soutien social et à développer des programmes qui promeuvent l'intégration "comme une voie à double sens" : c'est-à-dire où les réfugiés apportent eux aussi quelques chose à la population locale.

Il s'agit donc de "relier les deux communautés" par le biais d'initiatives telles qu'une chorale communautaire, dans laquelle les résidents du Villagio se mêlent aux habitants de Borgo San Lorenzo, ou encore une bibliothèque d'éducation à la paix et de documentation interculturelle.

"En général lorsque vous recevez un petit nombre de migrants, vous pouvez fournir un autre type de réponse à la question de l’intégration", affirme Luigi Andreini. "Par exemple, nous allons dans les écoles de la communauté locale - de l'école élémentaire à l'université - pour parler de la migration. Nous faisons aussi du renforcement des capacités - nous formons les gens sur les thèmes de la migration et de l'intégration", poursuit-il. 

Le Villaggio La Brocchi existe depuis 26 ans et il a déjà accueilli des familles de 42 pays différents. Dans le passé, les réfugiés migraient pour améliorer leur situation économique, aujourd'hui, ils migrent surtout pour fuir les guerres et les conflits, selon Luigi Andreini. "La personne qui arrive en Italie n'est jamais la même que celle qui a commencé son voyage, car, entre-temps, elle a vécu d'immenses traumatismes", ajoute-t-il.

Le projet d'accueil de Villaggio La Brocchi permet aussi aux réfugiés de trouver une aide médicale et psychologique. “On a ainsi affaire à des gens qui ont le sida, un cancer. On essaie de travailler avec les résidents pour les aider à comprendre qu’en Italie, ces maladies peuvent être traitées“, raconte Pasi, qui travaille dans le centre. En plus du personnel d’éducation et de formation professionnelle, il y a aussi un psychologue clinicien sur place qui anime, par exemple, un groupe hebdomadaire de méditation pour réduire le stress.

Au cœur du projet de Villaggio La Brocchi : la résilience. L'équipe veut s'assurer que les réfugiés puissent trouver eux-mêmes les réponses dont ils ont besoin pour aller de l'avant. "Nous essayons de les accompagner", conclut Pasi. "De les aider à trouver le bon chemin : celui qu'ils veulent, et non pas celui que nous voulons pour eux."

 

Cet article a été publié pour la première fois sur le site d'InfoMigrants: http://www.infomigrants.net/en/post/7733/at-a-refugee-centre-in-the-heart-of-tuscany-integration-is-a-two-way-street