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En crise, l’Algérie est moins accueillante pour les migrants

Tarek Draoui
2 août 2017

Depuis plusieurs années, l’Algérie était un pays attractif pour les migrants. Mais avec la chute des prix du pétrole, la situation s’est dégradée. Les Subsahariens sont les premiers touchés.

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Algerien Stadt Algier
Image : picture-alliance/dpa/L. Schulze

"On travaille et on dort dans le chantier. C'est inhumain" (Diallo, réfugié guinéen)

"Je m'appelle Diallo, je viens de la Guinée Conakry. Durant le mois de ramadan 2017, je suis passé par le Mali en traversant le désert, vers Gao. J'ai été accueilli dans des foyers à Tamanrasset avant d'arriver à pied jusqu’ici, à Alger."

Diallo a parcouru 3.500 km. Le chemin a été long, semé d’embûches, de dangers. Il a fallu traverser le Sahel et surtout le Mali où les terroristes écument le nord du pays. L'expérience n'a pas été de tout repos : "J'ai été frappé, molesté, on m'a volé mon argent au Mali, plus précisément dans le nord", raconte le jeune homme.

La dure réalité

Terrorisme et trafic de migrants. Qui fait quoi dans la région ? Diallo ne sait pas grand chose. Il a dû payer pour franchir la frontière. C'était fin mai. Tamanrasset, première escale algérienne avant de prendre la route du nord; atteindre Alger, trouver du travail enfin. Mais une fois sur place, les choses ne se présentent pas comme il l'attendait : "On travaille et on dort dans le chantier", témoigne-t-il. "C'est inhumain. Parfois, il y a des petits contrats mais le travail manque alors qu'on m'avait raconté qu'il y avait du travail ici."

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En Algérie, le gaz et le pétrole sont rois. Image : Getty Images/AFP/F. Batiche

La crise est passée par là. A Alger, tout devient dur. Des grands chantiers des années 2000, il ne reste que le souvenir. L'argent manque. Les migrants africains sont exploités. Parfois, les gens travaillent puis ne sont pas payés. "Je travaille de 8 heures à 17 heures. C'est beaucoup de travail et parfois les gens ne nous payent pas, pourquoi ?" s’interroge Yassef, un Gambien.

Heureusement, il reste au moins la solidarité des Algériens. Du moins d'une bonne partie de la population locale qui partage sa misère avec les nouveaux venus. "Les Algériens ne sont pas racistes", estime l’un d’eux. "Ils nous donnent à manger, parfois quelques sous. Il est vrai qu'on est arrivé en pleine crise."

Une étape avant de repartir

Manger, se faire soigner c’est déjà quelque chose mais ça ne suffit pas. Nombreux sont ceux qui espéraient trouver du travail, pouvoir aider leur famille. Quelques semaines après leur arrivée, ils déchantent. Certains, comme Diallo pensent déjà au retour. Yassef, lui, n’a plus peur du danger et dans son esprit, la route de la Libye se dessine déjà. "C'est mon rêve", affirme-t-il. "Oui je veux partir en Libye même si cela reste dangereux."

Partir en Libye pour rejoindre l'Europe car la Libye reste bien le dernier passage clandestin possible. Yassef et beaucoup de ses amis n'attendent que l'occasion. Ils auraient pourtant pu s’arrêter en Algérie si la crise n'était pas là.