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Emmanuel Macron fait un geste dans l’affaire Thomas Sankara

28 novembre 2017

En visite au Burkina Faso, le président français a promis une déclassification de tous les documents français liés à l'assassinat de Thomas Sankara. Ce qui permettra de mieux faire la lumière sur cette affaire.

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Burkina Faso Emmauel Macron Besuch bei Roch Marc Kaboré in Ouagadougou
Image : Getty Images/AFP/L. Marin

Emmanuel Macron fait un geste dans l’affaire Thomas Sankara - MP3-Stereo

"Les archives sont aujourd'hui disponibles et ouvertes à la justice burkinabè, sauf pour les documents classifiés et couverts par le secret défense. J'ai pris un engagement clair et je viens de le dire au président Kaboré: ces documents seront déclassifiés pour la justice burkinabè qui aura accès à tous les documents sur l'affaire Sankara", a déclaré le président français face aux journalistes, au sortir d’un tête à tête avec son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré.

 "C'est une bonne chose. Maintenant, nous attendons de voir. Parce que nous voulions cela depuis longtemps“, s'est réjouie Mariam Sankara.

Mariam Sankara, l'épouse de Thomas Sankara estime que la décision d’Emmanuel Macron est un premier pas dans la quête de la justice.
Mariam Sankara, l'épouse de Thomas Sankara estime que la décision d’Emmanuel Macron est un premier pas dans la quête de la justice.Image : Getty Images/AFP/A. Ouoba

"Et je pense que pour la justice, en tout cas, cela va être une bonne chose que les responsabilités soient situées. Si la justice a accès aux dossiers, cela nous permettra en tous cas de connaitre la vérité sur pas mal de chose sur cet acte odieux. On saura aussi où se situe la responsabilité de la France", espère, candide, l'épouse de celui qui est perçu comme étant le père de la révolution Burkinabé, assassiné le 30 octobre 1987.

Optimisme prudent

Le satisfecit exprimé par Mariam Sankara est toutefois relativisé par l'un des biographes de Thomas Sankara. Bruno Jaffre se réfère aux précédentes déclassifications qui n’ont pas donné grand-chose. Il cite notamment l’affaire de l’opposant marocain, Mehdi Ben Barka, assassiné en plein Paris le 29 octobre 1965 et dont les archives ont été déclassifiées en mai dernier.

"Le gouvernement Hollande, a promis que 89 nouveaux documents seraient déclassifiés. Bachir Ben Barka, le fils de Ben Barka, a pu constater que parmi ces 89 documents, il y en avait la moitié dont il avait eu connaissance. Et l'autre moitié qui n'avait pas grand chose à voir avec l'affaire Ben Barka. Il y a une volonté politique de défendre soit les militaires, soit les membres des services secrets, de maintenir l'opacité totale sur leurs agissements. En fait, c'est ça, la réalité", a affirmé Bruno Jaffre, qui a publié récemment, Thomas Sankara, la liberté contre le destin, édité chez Syllepse (Collection utopie Critique)

Thomas Sankara, une icône

Thomas Sankara en compagnie du président français de l'époque, François Mitterrand, lors de sa visite à Ouagadougou le 17 novembre 1986.
Thomas Sankara en compagnie du président français de l'époque, François Mitterrand, lors de sa visite à Ouagadougou le 17 novembre 1986.Image : Getty Images/AFP/D. Janin

Après plusieurs années de blocage, la justice militaire burkinabè est passée à la vitesse supérieure dans l’affaire Thomas Sankara. Début juillet, le juge d’instruction, François Yaméogo, chargé du dossier, a ouvert une information judiciaire qui est restée pour l’heure sans suite.

Rappelons que pendant les 27 ans de règne de Blaise Compaoré, l’affaire Sankara était un sujet tabou. C’est après sa chute, en octobre 2014, après une insurrection populaire qu’elle a commencé par être évoquée. En exil depuis lors en Côte d'Ivoire, Blaise Compaoré est soupçonné d'avoir participé au putsch qui a coûté  la vie à Thomas Sankaré, dont il était pourtant, l’un des fidèles parmi les fidèles.

Emmanuel Macron, le président français a aussi évoqué le cas de François Compaoré, le frère de Blaise, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat en 1998 du journaliste Norbert Zongo.

Il a été  interpellé en France fin octobre, avant d’être remis en liberté."Son interpellation est le résultat d'une coopération exemplaire entre nos deux justices qui sont toutes deux indépendantes". "Il appartient à la justice française de prendre sa décision, je ferais tout pour faciliter celle-ci", s’est contenté de déclarer le chef de l’exécutif français.

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona