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Duisbourg, BP : des catastrophes humaines

28 juillet 2010

La bousculade mortelle de la Love Parade fait encore l'objet de nombreux commentaires. Les journaux s'intéressent par ailleurs au départ du patron de BP, Tony Hayward, dans le sillage de la marée noire.

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21 personnes sont mortes écrasées dans le tunnelImage : AP

La Süddeutsche Zeitung s'insurge contre l'emploi du mot « tragédie » pour qualifier les événements de Duisbourg. Ce qui s'est passé à la Love Parade n'a rien d'un coup du destin, ce n'est pas le résultat d'une catastrophe inévitable mais bien le fruit d'une série de mauvaises décisions, dont la première a été de prévoir le festival sur un site inapproprié. La catastrophe de Duisbourg, poursuit le journal, résulte de négligences et a, de ce fait, une dimension criminelle. Dans la chaîne des responsabilités, chacun se renvoit la balle : les responsables politiques aux organisateurs, les organisateurs à la police et la police aux organisateurs. La moindre des choses serait de se taire et de laisser la justice désigner les coupables, estime le quotidien.

Adolf Sauerland
Sur la sellette : Adolf Sauerland, maire de DuisbourgImage : picture-alliance/ dpa

Après tous les témoignages et les révélations indiscrètes de ces derniers jours, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il ne fait aucun doute que de graves erreurs ont été commises dans la planification du festival. La responsabilité en incombe au maire de Duisbourg en tant que chef de l'administration locale, indépendamment d'une éventuelle culpabilité personnelle. Adolf Sauerland cherche en vain des co-responsables qui l'auraient entraîné dans cette mésaventure. Mais cette responsabilité ne peut pas être partagée. Pour le journal, il ne serait donc pas inadmissible d'en tirer des conséquences.

« Tirer les conséquences », c'est justement le titre du commentaire de Die Welt, qui dresse un parallèle intéressant entre « le désastre de Duisbourg » et celui de la marée noire. Après une longue hésitation, la compagnie pétrolière BP a tiré les conséquences de la catastrophe en décidant de se séparer de Tony Hayward, son patron. Or la seule véritable faute du manager a été de faire des déclarations déplacées.

USA Öl Katastrophe
Tony Hayward (devant) cède la place à Bob DudleyImage : ap

Sa démission contribue, selon le journal, à détourner l'attention d'autres responsables, par exemple de lobbyistes américains qui ont poussé BP à creuser toujours plus profond à la recherche de l'or noir. Le quotidien conclut : il est peut-être tentant de faire tomber des têtes, mais ce n'est pas le meilleur moyen d'analyser profondément la catastrophe, que ce soit à Duisbourg ou dans le golfe du Mexique.

La tageszeitung s'intéresse, elle, à l'après-Hayward chez BP. Le changement de direction était indispensable, mais les conséquences politiques qui doivent être tirées de la catastrophe sont bien plus importantes. On n'aurait jamais dû autoriser les forages à cet endroit, où la profondeur est manifestement incontrôlable. La marée noire a montré la nécessité d'interdire ou de mieux encadrer les activités qui ont le potentiel d'entraîner des dommages à grande échelle. En Une, la taz publie une photo en gros plan d'une botte engluée dans le mazout. Avec un commentaire : « nouveau chef, nouvelle stratégie : c'est maintenant l'Américain Bob Dudley qui va pouvoir joyeusement continuer à forer ».

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Konstanze von Kotze