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Domitien Ndayizéyé: "Pierre Nkurunziza a peur"

Eric Topona8 septembre 2016

Domitien Ndayizéyé a présidé le Burundi de 2003 à 2005. Pour lui, le président Nkurunziza a peur de quitter le pays et la crise devrait être réglée grâce à une intervention des pays voisins. Interview.

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Burundi Ex-Präsident Domitien Ndayizeye
Image : Getty Images/AFP/S. Maina

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DW: Parmi les sujets abordés au sommet de l'EAC à Dar-es-Salaam en Tanzanie, il y avait l’actualité au Burundi, quelles sont les dernières informations que vous avez justement sur le Burundi?

Les dernières nouvelles sur le Burundi, c’est la continuité de la crise. Si le sommet se penche sur la question burundaise, c’est une confirmation de plus que la crise continue. Surtout nous, nous nous attendons à ce que le sommet trouve une solution pour que la poursuite ou le début d’une négociation soit une réalité et que le sommet arrive à forcer le pouvoir actuel de Bujumbura à dialoguer avec l’opposition parce que c’est le principal obstacle aujourd’hui. Nous supposons que la sous-région devrait avoir les coudées franches pour soutenir le médiateur parce qu’à lui seul, il ne peut rien. Donc, la sous-région a suffisamment de force pour imposer cela. Est-ce qu’ils vont y parvenir? Ça je n’en sais rien, c’est ce que tout le monde attend, sinon le sommet serait sans objet.

DW: Est-ce que vous avez confiance en la personne de Benjamin Mkapa? Est-ce que vous pensez qu’il va réussir quelque chose?

Je le dis encore une fois, à lui seul il ne peut rien. Il ne peut quelque chose que s’il est soutenu par les chefs d’Etats de la sous-région, j’ose croire que l’objet principal de cette réunion c’est que le facilitateur puisse obtenir ce soutien et ce soutien doit se concrétiser par des actions réelles qui contraignent le pouvoir en place à aller négocier dans toutes ses dimensions, c’est l’attente de tout le monde. Je le répète, si les chefs d’Etats ne parvenaient pas à le soutenir, à imposer au chef d’Etat burundais et à son équipe d’aller négocier, ce sommet serait sans objet. Il serait peut-être préférable que même le médiateur rende son tablier parce qu’il ne pourra pas avancer un pas de plus.

DW: Est-ce que jusqu'à présent le travail abattu par Benjamin Mkapa vous satisfait?

Non, il n‘ a pas encore commencé parce que le dialogue c’est entre deux personnes. Jusqu’aujourd’hui, le facilitateur Mkapa n’a pu travailler qu’avec des éléments séparés. Donc, il n’y a pas encore eu de vrai dialogue direct entre les protagonistes burundais. Donc vous dire qu‘ on n‘ a pas encore réellement commencé, il y a des tentatives de commencement mais on n’a pas encore commencé. Mais on peut toujours avoir l’espoir que les choses vont changer.
Nous avons connu cette situation à l’époque de Buyoya. Il a accepté d’aller négocier quand on a pris l‘ embargo contre le Burundi. Il n’est pas exclu qu’aujourd’hui, pour que cela soit possible, on aille même plus loin.

DW: Est-ce que le fait que le Président Nkurunziza ait boycotté une nouvelle fois cette rencontre, est-ce que cela augure de lendemain prometteur?

Non, je ne sais pas si c’est un boycott ou si c’est une peur que lui-même a de quitter son pays. Moi je considère que lui comme les autres, il est coincé, il a peur, c’est une réalité aujourd’hui. Maintenant qu’il n’y aille pas c’est un problème effectivement. Il faudra bien qu’il se résolve à rejoindre les autres pour parler parce que je dis encore une fois, on négocie à deux et on dialogue à deux.

DW: Sincèrement, est-ce que vous croyez vraiment que la solution de la crise dans votre pays passe par l’EAC?

Absolument. Les premiers responsables ce sont les Burundais il faut s’en convaincre. Mais faute d’avoir cette possibilité que les Burundais se résolvent à résoudre ce problème, les voisins les plus proches sont les premiers concernés. Vous savez les conséquences de la crise burundaise retombent directement sur les pays voisins. C’est dans ce sens que l’EAC est la plus concernée dans la communauté internationale. Vous savez, si vous vous référez aux commentaires de l’Union Africaine, aux commentaires des Nations-Unies, ils se sont toujours rabattus sur L’EAC, nous y croyons également. Encore une fois, vous vous souvenez à l’époque de BUYOYA en 1997, ça a été pareil.