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Documenta, 12e édition

Carine Debrabandère15 juin 2007

Coup d’envoi demain de la Documenta, l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de l’art contemporain. Elle se déroule tous les cinq ans à Kassel, en plein cœur de l’Allemagne. On attend 650 000 visiteurs jusqu’au 23 septembre.

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Le champ de riz de Sakarin Krue-On
Le champ de riz de Sakarin Krue-OnImage : picture-alliance/ dpa

Pendant 100 jours exactement, le directeur Roger-Martin Buergel présente une centaine d’artistes venus du monde entier :

« Si l’exposition est un succès, la Documenta peut amener les visiteurs à cultiver en eux la force et l’intelligence de l’art ».

« La force et l’intelligence de l’art ». C’est un peu le logo de cette 12e édition de la Documenta qui se veut politique - puisque l’art depuis l’apparition de la photographie n’a plus la vocation de reproduire mais de comprendre, d’interroger le quotidien. C’était déjà clairement la position de la première Documenta en 1955, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait alors de réconcilier les Allemands avec l’idée de modernité. Des Allemands qui n’avaient pu pendant des années voire des œuvres de peintres considérés comme « dégénérés » par les nazis. Karin Stengel dirige les archives de la Documenta :

« Le catalogue a été immédiatement épuisé. On ressentait un besoin énorme de voir enfin des oeuvres de Picasso ou de Matisse. On les connaissait de nom, on avait vu leurs peintures dans des livres, mais d’un seul coup, on pouvait admirer les originaux. »

Reste à savoir pourquoi cette grand’messe de l’art contemporain a lieu précisément à Kassel, une petite ville de 200 000 habitants qui ne fait sinon pas vraiment parler d’elle. La réponse : En 1955 se déroulait à Kassel la Bundesgartenschau, le grand salon horticole allemand. Il s’agissait - pour résumer - de faire d’une pierre deux coups. Personne ne s’attendait à un succès aussi prodigieux – 130 000 visiteurs s’y étaient retrouvés. Succès auquel fait référence aujourd’hui l’artiste thailandais Sakarin Krue-On qui présente à Kassel un immense champ de riz. A propos culture…Roger Martin Buergel…

« Il est bon de se rappeler les débuts de la Documenta, alors que Kassel était un véritable champ de ruines. D’un côté, il y avait ces grandes valeurs qui remontaient à la surface et avec lesquelles on opère encore aujourd’hui : liberté, égalité, fraternité. Mais d’un autre côté, ces valeurs – exacerbées – peuvent également être la source des plus grandes catastrophes. Ce lien paradoxal intéresse de nombreux artistes aujourd’hui. »

Un lien paradoxal que l’on retrouve dans une installation très remarquée à Kassel, celle du Béninois Romuald Hazoumé qui a pour thème l’immigration et le rêve européen de jeunes Africains en détresse. Romuald Hazoumé expose une pirogue construite à l’aide de bidons recyclés devant une immense photo d’une véritable pirogue au départ. « Un hommage au deuil des parents africains qui ne savent pas où sont leurs enfants », explique Romuald Hazoumé. Autre installation qui s’interroge sur le privé et le politique, celle de la Britannique Mary Kelly, connue pour ces œuvres féministes. Elle présente notamment à Kassel une série de phrases exposées sur des morceaux de papier accrochés à des fenêtres qui mêlent les souvenirs de femmes qui ont lutté pour leurs droits dans les années 70, et des témoignages de femmes nées dans ces mêmes années 70. Histoire de voir ce qui a changé en l’espace de trente ans…

« Ce sont des phrases écrites par des personnes qui font partie de mon quotidien. Le quotidien est à la source de mon art. Mes œuvres sont constituées de fragments de la vie de tous les jours. »

La Documenta, à Kassel du 16 juin au 23 septembre. Une grand’messe de l’art contemporain qui dispose de la bagatelle de 19 millions d’euros de budget - en partie financé par les billets d’entrée : 18 euros pour une journée.