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Discours ex-cathedra

Anne Le Touzé25 mars 2009

Les journaux du jour reviennent sur l'allocution annuelle de Horst Köhler. Le président, qui prononçait hier le dernier grand discours de son mandat, a plaidé pour une économie de marché mieux régulée et plus morale.

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Horst Köhler a tenu son discours annuel dans l'église Ste Elisabeth de Berlin-Mitte.Image : picture-alliance/ dpa

Horst Köhler, écrit Die Welt, s'est longtemps posé en apôtre des réformes, à contre-pied d'un gouvernement qu'il jugeait trop timoré. Aujourd'hui, il est au-dessus de tout ça. Face à la crise, et avec parfois un ton digne d'un militant altermondialiste, il appelle à un changement de cap et à un retour aux valeurs traditionnelles telles que la décence, la fiabilité et la parcimonie. Ça et là, on aura relevé quelques accents populistes, mais pour le journal, l'essentiel est que le président fédéral appelle à mettre en oeuvre une nouvelle économie de marché.

On peut se demander, écrit la Frankfurter Rundschau, pourquoi le président, qui est pourtant populaire, prend la parole si tardivement sur le dossier le plus important de son mandat. On a pu également remarquer que Horst Köhler est resté plutôt vague sur les questions vraiment délicates. Il a par exemple omis de préciser la manière dont on pourrait financer les systèmes sociaux dans un nouveau monde sans croissance.

Si Horst Köhler posait sa candidature comme prêcheur dans une église, on ne pourrait que lui témoigner du respect, estime la Süddeutsche Zeitung. Mais on attendait davantage de la part de quelqu'un qui souhaite être réélu président fédéral et qui, en plus, est spécialiste de l'économie mondiale. Par exemple qu'il se souvienne de sa devise de début de mandat : "Qui veut donner des impulsions doit être capable de choquer". Horst Köhler, poursuit le journal, a tenté d'éviter tout scandale dans son discours lisse et soigné. Il a évité de parler d'expropriation des actionnaires, préférant évoquer une "participation de l'Etat aux entreprises". Cela aurait pu agacer les libéraux du FDP, dont les voix lui seront précieuses pour sa réélection.

Quelle déception, commente le Financial Times Deutschland. Au beau milieu de cette crise économique grave, un président économiste et ancien patron du Fonds monétaire international semble prédestiné pour guider les Allemands dans cette situation confuse. Au lieu de cela, le discours de Horst Köhler n'a été qu'une simple accumulation de lieux communs. Une série de pensées et d'appels ni originaux ni même logiques ou concluants.

La tageszeitung, au contraire, voit dans le discours du président une chance pour la démocratie : qu'il le veuille ou non, en plaidant pour la solidarité comme idéologie dominante, Horst Köhler autorise la base populaire à exposer de nouvelles revendications à l'Etat et aux institutions sur un partage des richesses. Même si le président n'a pas évoqué nomément la politique fiscale, ses paroles appellent tacitement à une hausse des impôts pour les plus riches.