1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Deux ministres auditionnés dans l'affaire Kurnaz

Sandrine Blanchard30 mars 2007

Les journaux allemands reviennent ce matin sur les auditions de hauts responsables politiques de l’ancien gouvernement Schröder. L’actuel chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, et l’ex-ministre de l’Intérieur, Otto Schily, étaient entendus hier comme témoins par la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière dans l’affaire Kurnaz. Ce Turc résidant en Allemagne a passé à tort quatre ans dans la prison de Guantanamo où il affirme avoir été torturé. Et Murat Kurnaz reproche aux autorités allemandes de l’époque d’avoir retardé sa libération.

https://p.dw.com/p/C2h5
Murat Kurnaz
Murat KurnazImage : AP

« Schröder, Schily, Steinmeier : c’est dans cet ordre que trois membres du SPD ont assumé ‘l’entière responsabilité politique’ de l’affaire Kurnaz », écrit Die Welt. Le journal estime cependant qu’il n’est pas difficile d’assumer la responsabilité politique lorsque l’on rejette toute responsabilité personnelle. Die Welt relève également que le gouvernement rouge-vert de l’époque critiquait volontiers les Etats-Unis à propos de leur guerre contre le terrorisme, alors que dans ce cas précis, Berlin a fini par entrer dans leur jeu.

La Süddeutsche Zeitung résume ainsi la prestation d’Otto Schily devant la commission d’enquête : je ne savais rien mais j’ai agi comme il le fallait. Le journal note lui aussi que l’ancien ministre a eu beau jeu de prendre la responsabilité des agissements de son ministère à son compte étant donné qu’il n’a aucune conséquence politique à redouter. En revanche, Frank-Walter Steinmeier, actuellement ministre des Affaires étrangères, se bat aussi dans cette affaire pour sauver son avenir politique. La SZ relève cependant que dans le cas Kurnaz, il retourne du destin d’un homme, et non du bilan sécuritaire de la coalition rouge-verte.

La Frankfurter Rundschau rappelle le principal problème, c’est-à-dire le fait que Murat Kurnaz ait été retenu prisonnier illégalement. Coupable ou non, dangereux ou pas ? Des questions auxquelles l’Etat de droit aurait pu et dû répondre dès son arrestation. L’interdiction faite au Turc de Brême de rentrer en Allemagne est compréhensible dans le contexte de l’époque, mais vu avec du recul, la décision prise par le gouvernement était la mauvaise.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung, estime que, certes, personne ne peut reprocher à Frank-Walter Steinmeier de ne pas avoir fait davantage pour obtenir le retour en Allemagne d’un Turc jugé dangereux à l’époque, à moins que, contrairement à ses déclarations, les Etats-Unis aient proposé à Berlin de libérer le prisonnier avant 2006. Et le quotidien de mettre le ministre en garde : si la reconnaissance de sa responsabilité politique n’a aucune incidence sur un homme politique, de fausses déclarations, elles, sont passibles de poursuites.