Deuil de l'opposition iranienne
22 décembre 2009Alors qu'il avait été un important acteur de la révolution islamique de 1979, ce théologien était ensuite devenu dissident et avait apporté son soutien au « mouvement vert », c'est-à-dire à l'opposition, après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad.
Le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri n'adressait pas ses critiques véhémentes contre un gouvernement religieux en soi, mais contre un système totalitaire, écrit le Tagespiegel. Et il n'avait pas omis de faire son autocritique. Cela n'était jamais arrivé dans l'histoire de l'Iran : un théologien qui se rend compte que son idée de la domination du pays par les gardiens de la révolution n'était finalement pas si sage que cela, et qui s'en excuse auprès du peuple iranien.
Pour la Tagezeitung, Hossein Ali Montazeri était tout ce que l'on attend d'un intellectuel public en Occident : il se mêlait constamment des affaires politiques et n'avait pas peur de critiquer durement le gouvernement. Il ne voulait pas que Téhéran obtienne l'arme atomique et avait dénoncé les manipulations électorales de cet été. Pour tous ceux qui luttent aujourd'hui pour des réformes en Iran, la perte de sa voix critique est considérable.
De l'avis de la Frankfurter Rundschau, le grand ayatollah Montazeri est irremplaçable. Sa voix donnait encore plus de poids au « mouvement vert » de l'opposition. Mais cette personnalité déjà stylisée en martyre par les réformateurs était une figure symbolique, pas un leader politique. En réalité, le « mouvement vert » allait depuis longtemps beaucoup plus loin que Montazeri.
La mort de Hossein Ali Montazeri ne signifie pas celle du mouvement de résistance, renchérit die Welt. Cela pourrait même être le contraire, comme l'ont montré les grandes manifestations lors de l'enterrement du guide religieux. Des manifestations auxquelles le gouvernement ne réagit à nouveau que par la violence.
Le régime a tout fait pour empêcher les médias de parler de l'événement, relève la Süddeutsche Zeitung. Sa logique est que ce que l'on ne voit pas à la télévision n'existe pas. Pourtant, cela n'a pas empêché les Iraniens de savoir que des centaines milliers de personnes ont exprimé leur sympathie au théologien dissident. Et son enterrement hier ne marquait certainement pas la fin de la confrontation.
Auteur : Aude Gensbittel
Rédaction : Carine Debrabandère