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Des tests sur des humains pour l'industrie automobile

29 janvier 2018

Les grands constructeurs auto allemands ont bénéficié d'une étude menée sur des singes et sur des êtres humains, destinée à tester la dangerosité du dioxyde d'azote (NO₂), un poison contenu dans les gaz d'échappement.

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Abgase
Image : picture-alliance/dpa/M. Führer


L'Allemagne, la patrie de l'automobile. Mais après le "dieselgate", qui a révélé que les grands constructeurs truquaient leurs tests pour améliorer artificiellement les taux d'émission de gaz à effet de serre de leurs véhicules, un nouveau scandale vient d'éclater. Des tests d'émissions de gaz d'échappement auraient été effectués par le lobby automobile, non seulement sur des singes, mais aussi sur des humains.

Deutschland Tierexperimentelle Forschung der Uni Münster
Image : picture-alliance/dpa/F. Gentsch

C'est par voie de presse que ce nouveau scandale arrive. Le journal de Stuttgart et la Süddeutsche Zeitung relatent que 25 cobayes humains auraient été exposés pendant plusieurs heures à du dioxyde d'azote (NO₂) par un institut de recherche universitaire d'Aix-la-Chapelle. Cette étude aurait été réalisée entre 2012 et 2015 par l'EUGT, un groupement scientifique du lobby automobile, qui a été dissous l'année dernière.

Mauvais souvenirs

Ces méthodes réveillent de mauvais souvenirs en Allemagne, encore traumatisée par les crimes des nazis sous couvert de recherche scientifique.

Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a déclaré à la mi-journée que "la colère de nombreuses personnes était totalement compréhensible."

Helmut Becker est directeur de l'Institut d'analyse économique et de communication. Jusqu'en 1997, il était économiste en chef chez BMW.

Au micro du Deutschlandfunk, il estime d'un côté que les tests scientifiques sont nécessaires pour jauger de la dangerosité de produits, mais de l'autre, il déclare "que cela ait été ordonné en Allemagne – même si les cobayes étaient volontaires – c'est incompréhensible."

Symbolbild Diesel Zapfsäule
Image : picture-alliance/dpa/B. Marks

Tous les fleurons écornés

Le groupe Volkswagen aurait bénéficié de l'étude. Le constructeur de la Golf a déjà vu son image égratignée par les révélations sur les tests d'émissions truqués ces trois dernières années. 

Cette fois-ci, d'autres marques sont également citées : Daimler, BMW, ou encore Bosch qui fournit des pièces détachées aux constructeurs. Autant dire les fleurons de l'industrie automobile allemande.

Le problème, c'est que les responsables politiques allemands ont du mal à imposer leurs vues – et surtout leurs règles - aux constructeurs, comme le déplore Jürgen Resch. Il dirige l'organisation DUH, de protection de l'environnement et des consommateurs : "En Allemagne, la politique et l'industrie automobile entretiennent des relations privilégiées. C'est un peu comme un couple, je dirais. […] Or nous voulons que les responsables, au niveau communal et régional, appliquent la loi et protègent les citoyens en respectant les normes pour la qualité de l'air."


Poison ou produit inoffensif?

L'EUGT a déjà été critiqué pour avoir mené des expériences sur les gaz d'échappement sur des singes, aux Etats-Unis. Mais des expériences sur des humains, c'est un pas supplémentaire.

Le rapport de l'EUGT cité par la Süddeutsche Zeitung indique qu'aucune réaction au dioxyde d'azote n'a pu être prouvée chez les cobayes et qu' "aucun effet néfaste du gaz sur l'appareil respiratoire" n'a pu être établi.

Pour rappel, le dioxyde d'azote est un poison qui provoque près de 10.600 morts prématurées chaque année, d'après des chiffres confirmés par les instituts Fraunhofer, Max Planck, l'OMS et l'Agence européenne pour l'Environnement.

Le groupe Daimler a d'ores et déjà pris ses distances avec les méthodes scientifiques employées et indiqué avoir lancé une enquête interne pour savoir comment cela avait pu se produire, "en contradiction avec les valeurs [de l'entreprise] et les principes éthiques".