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Des livres, pas des armes pour les enfants d'Afrique

Ramata Soré11 juillet 2012

Selon la FIDH, il y a plus de 300.000 enfants soldats dans le monde, dont 200.000 rien qu'en Afrique. Si l'organisation se réjouit de la condamnation de Thomas Lubanga, elle appelle à investir fortement dans l'éducation.

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À Bunia, en 2003
Image : picture-alliance/dpa

Au lendemain de la condamnation de Thomas Lubanga à 14 ans de prison par la Cour pénale internationale, pour enrôlement d’enfants soldats, la question de l’utilisation des enfants dans les guerres est plus que d’actualité.Dans la longue série de conflits civils qui ont marqué le continent africain ces dernières décennies, notamment au Liberia, en Sierra Leone, au Rwanda, en RDC ou encore en Côte d’Ivoire, les enfants permettent aux seigneurs de guerre de s’imposer dans l’agenda politique national et international. Ces enfants servent également d’appât pour la captation des aides humanitaires. Mais grâce à l’action des organisations humanitaires, cette perspective est en train de changer, comme l'explique Maître Sidiki Kaba, le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) section Sénégal :

Thomas Lubanga
Thomas Lubanga est la première personne à avoir été condamnée par la CPI depuis sa créationImage : dapd

« Les ONG ont réussi, avec la conférence diplomatique de 1998 qui a abouti à la création de la Cour pénale internationale, à faire que l'utilisation des enfants soldats soit considérée comme un crime de guerre. Et Thomas Lubanga a été le premier accusé à être condamné par la CPI pour l'utilisation d'enfants soldats. »

Une action concertée des États africains

Pour Sidiki Kaba, la disparition de l’usage des enfants comme soldats est possible. Toutefois, elle serait liée à une seule condition :

« Cela n'est possible que si l'Afrique décide de prendre son destin en main. Il y a l'Union africaine... les États africains doivent s'intégrer davantage, avoir un projet social, un projet économique global et s'entendre pour pouvoir mener une véritable bataille. Sans cela, aucune possibilité de faire du développement. »Et pour que l’image de l’enfant porteur d’une kalachnikov plus grande que lui, devenue le symbole d’une violence typiquement africaine, soit a jamais rayée, Sidiki Kaba pense qu'il faut miser sur l'éducation :

Kindersoldat Somalia Mogadischu
Les milices shebabs, en Somalie, recrutent également des enfantsImage : picture-alliance/dpa

« Les enfants ont besoin que leur esprit soit éduqué. Les enfants ont besoin qu'on leur donne de la connaissance et du savoir, pour que dans le vaste monde aujourd'hui, où il y a une compétition féroce pour la vente des biens qui sont produits, ils soient en meilleure position pour être dans la compétition internationale avec les autres enfants... de l'Occident et d'ailleurs. »

Si une protection spéciale est accordée aux enfants en période de guerre depuis la convention de Genève de 1949, la notion d’enfant utilisé comme soldat n'a été prise en compte dans le discours humanitaire qu’à partir de 1977. Et c’est en 1989 que l’assemblée générale des Nations unies a adopté la Convention sur les droits de l’enfant. C’est cette convention qui a servi de fondement juridique à la condamnation de Thomas Lubanga.