Des garanties publiques pour sauver Opel?
21 novembre 2008„On espère évidemment que le travail va continuer. Et puis l'an prochain, on verra bien. »
Eh oui, ils essaient encore d'être optimistes, les salariés de chez Opel, et pourtant : la filiale allemande de l'Américain General Motors a déjà annoncé la couleur : elle révise à la baisse ses productions de voitures l'an prochain (moins 10%). Le constructeur automobile envisage également de passer à la semaine de 30 heures.
„J'ai tout simplement l'espoir qu'avec cette histoire, nous allons nous éloigner de la multinationale américaine et prendre notre destin en mains. »
Il faut dire que General Motors, la maison-mère, a annoncé que sa trésorerie avait diminué de près de 7 milliards de dollars au troisième trimestre 2008 et qu'elle risquait de tomber en dessous du minimum vital sans nouveau financement. Donc problèmes de liquidités au niveau de chez Opel également, Opel qui devenait il y a une dizaine de jours le premier constructeur européen à solliciter l'aide de l'Etat. Résultat : on a assisté à un ballet de réunions de crise en début de semaine à Berlin pour le sauvetage de la filiale allemande de General Motors, Il n'est pas question de subventions, mais d'une éventuelle garantie d'Etat. La chancelière allemande, Angela Merkel :
« Tout cela dépend de l'évolution de la situation aux Etats-Unis. Mais le gouvernement a promis d'examiner le bien-fondé de l'octroi de garanties. »
Angela Merkel avait convoqué lundi dernier les responsables d'Opel, en réponse au SOS du constructeur automobile en difficulté. Ces garanties pourraient atteindre « plus d'un milliard d'euros » a indiqué Carl-Peter Forster, le patron de General Motors Europe, soulignant que le constructeur n'avait pas un besoin urgent de liquidités à court terme mais d'une protection à moyen terme pour pouvoir assurer le coût de production des véhicules, comme l'Opel Astra, la Corsa, ou la petite dernière, l'Insignia, qui vient d'être élue voiture de l'année par un jury européen. Carl-Peter Forster
„La société Opel a la responsabilité d'assurer la survie de l'entreprise – même si les choses s'aggravent aux Etats-Unis »
Et les choses s'aggravent justement aux Etats-Unis où non seulement le numéro un General Motors, mais également Ford et Chrysler sont en plein marasme. Ce qui est ressorti pour le moment de plusieurs réunions de crise à Berlin, c'est que Angela Merkel décidera avant Noel d'octroyer, ou non, des garanties. La chancelière a en tous les cas émis des conditions à la caution du gouvernement.
„Nous sommes tombés d'accord sur le fait que si des garanties étaient octroyées, il fallait que l'argent en question reste en Allemagne, entre les mains d'Opel. C'est la condition que nous posons. »
Opel emploie près de 26 000 personnes en Allemagne, sur quatre sites de production dans le pays. Des salariés que voulait récupérer notamment SolarWorld, un groupe allemand spécialisé dans l'énergie solaire. SolarWorld a déclaré cette semaine vouloir faire d'Opel le premier groupe automobile vert d'Europe. Une offre jugée peu sérieuse par les analystes. Mais une offre dans l'ère du temps. Car pour sortir de la crise, les constructeurs automobiles seront bien obligés de produire des voitures plus petites et donc plus abordables, mais également plus propres, pour respecter les mesures de protection du climat. .
En Allemagne, près d'un emploi sur cinq dépend directement ou indirectement du secteur automobile. Pour le moment, Michael Glos est hostile à un plan d'aide pour l'ensemble du secteur dont les ventes ont reculé de 16% en moyenne depuis le début de la crise. Pour le ministre allemand de l'économie, l'Etat n'a normalement pas à intervenir si le consommateur est moins disposé à acheter. Seulement voilà Opel est un cas à part:
„Opel, c'est une situation tout à fait particulière. La maison-mère est au bord de la faillite, et malheureusement, la filiale allemande en pâtit. Il faut remédier à ce problème. Nous réfléchissons à un plan d'action, en collaboration avec les régions dans lesquelles se situent les usines pourvoyeuses d'emplois. »
Angela Merkel a martelé elle aussi qu'Opel était un cas particulier. Et que le gouvernement ne pourrait venir au secours de toutes les entreprises en difficulté. Mais pour Günther Verheugen, le commissaire européen chargé de l'industrie, dans le cas de la filiale de General Motors au bord du dépôt de bilan, l'Allemagne est obligée d'aller à la rescousse du constructeur :
„Il y aurait des répercussions très négatives sur l'ensemble des sous-traitants en Europe, et par là même sur l'ensemble de l'industrie automobile européenne. Il ne faudrait surtout pas croire que si Opel disparaissait du marché, il y aurait plus de place pour d'autres constructeurs. Ceux qui profiteraient de cette situation, ce serait exclusivement les Japonais, les Coréens, et, dans quelque temps, les Indiens et les Chinois. »
Selon certaines études, 20 000 emplois vont disparaître chez les constructeurs et les sous-traitants allemands d'ici fin 2009, auxquels s'ajoutent 80 000 emplois à temps partiel.
Berlin a déjà mis en place un système de garantie de crédits, d'un montant total de 400 milliards d'euros. Mais il est réservé aux banques. Il s'agit pour l'Etat de se porter caution lorsque des banques se prêtent de l'argent entre elles.