Désaccords à Berlin sur la politique climatique
3 novembre 2016
Vendredi entre en vigueur l'accord de Paris contre le réchauffement climatique alors que la COP 22, la 22e Conférence des parties à la convention des Nations unies sur le climat, s'ouvre lundi à Marrakech.
Le monde doit "de toute urgence et radicalement" réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement mondial s'il veut éviter "une tragédie humaine". Tel est l’avertissement lancé par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement dans son rapport annuel sur l'action climatique mondiale. La Süddeutsche Zeitung relève que:"c'est à quelques jours seulement de la Conférence de Marrakech que les différents ministères à Berlin constatent tout ce qui ne va pas! Plus de courant issu de centrales à charbon? Non, pas possible à cause des emplois! Plus de voitures à essence ou diesel? Non, pas possible, faute d’alternative fiable! Plus d’émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture? Non, pas possible à cause des vaches destinées à la production de viande et de lait! Mais quand va-t-on enfin prendre des initiatives concrètes ? " s’interroge la Süddeutsche.
"Ce qui est clair est que la glace du Groenland est en train de fondre", constate la Neue Osnabrücker Zeitung. Si la température et le niveau de la mer continuent de monter, les pires scénaris vont devenir réalité. Si nous ne voulons pas que nos terres et nos côtes soient voués à la destruction, alors l’Allemagne doit reprendre son rôle d‘élève- modèle des protecteurs du climat. Et ce n’est pas de disputes au sein de la coalition dont a besoin la ministre allemande de l‘Environnement Barbara Hendricks pour le sommet au Maroc, mais d’un bon plan!"…
"Comment réduire d’ici à 2050 les gaz à effet de serre avec l’ampleur prévue, reste une question ouverte, relève le quotidien régional Straubinger Tagblatt. A part de chaleureuses paroles, la ministre allemande de l’Environnement, Barbara Hendricks n’aura rien à présenter à Marrakech, une honte pour l’Allemagne! " conclut l’éditorialiste..
Autre thème: Angela Merkel et la Turquie
Les journaux commentent aussi les réactions "tardives" de la chancelière allemande aux arrestations et autres mesures répressives du président Erdogan contre les médias en Turquie. Des mesures qu’Angela Merkel a qualifié d'"alarmantes"…
La FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que " Berlin semble appliquer des critères plus indulgents et prend des égards vis à vis de la Turquie et du système autocratique du président Recep Tayyip Erdogan pour ne pas mettre en jeu le pacte sur la migration passé avec la Turquie. Ce serait avec la Russie, déjà le second pays au bord de la dictature dans un voisinage proche avec lequel Berlin ne trouve apparemment pas de rapports clairs et qui imposent le respect. Or, estime le quotidien de Francfort, ces deux pays, la Russie et la Turquie deviennent de plus en plus une menace pour l’Allemagne. " Alarmant", dit la chancelière à propos de la Turquie. Mais quelle suite va-t-elle donner à cette alarme? " se demande en conclusion l’éditorialiste.
"Il doit y avoir des lignes rouges à ne pas franchir pour la Turquie", estime pour sa part le quotidien Die Welt. Car si la disponibilité de l’Europe à négocier est sans limites, alors c’est une véritable invitation pour le gouvernement turc de briser chaque tabou! Et là l’Europe n’a plus rien à gagner!"