Démocratie, quand tu nous tiens...
28 novembre 2011Les affrontements musclés à Gorleben et l'opposition au projet ferroviaire de grande ampleur de la gare de Stuttgart ont ceci de commun : ils se réclament tous de la démocratie, lance la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans le premier cas, les partisans de la démocratie font feu de tout bois, et même de cocktails Molotov, contre les forces de l'ordre qui veulent imposer une soi-disant dictature du lobby du nucléaire. À Stuttgart, les Verts, élus sur la promesse de mettre fin au chantier géant et contesté de gare souterraine, sont désavoués par ceux-là même à qui ils ont voulu donner la parole : près de 60 % des votants ont dit hier « oui » au projet.
La vraie surprise en matière de démocratie a sans conteste été pour les opposants au chantier de Stuttgart, analyse la Süddeutsche Zeitung. Certes, ils ont réussi dans le passé à faire descendre dans la rue plus de personnes que les partisans au projet. Il est également possible que ce dossier controversé ait apporté aux Verts les voix nécessaires leur permettant de diriger le Land. Mais qui aurait cru que la majorité ressentie était en fait une minorité ? À Gorleben, c'est le contraire. Malgré la décision officielle de Berlin de sortir du nucléaire, malgré la remise à plat du processus de recherche de sites adéquats pour l'entreposage des déchets nucléaires, les manifestants font comme si rien n'avait changé depuis l'année dernière. Et de nouveau, les forces de l'ordre ont dû déployer près de 20.000 policiers pour permettre à un train de 11 wagons de franchir 1.200 kilomètres en plus de 115 heures. Triste record !
Plus de police ou plus de démocratie ? s'interroge la Tageszeitung. Une fois de plus, la démocratie a été mise à rude épreuve ce week-end. Les affrontements et actions de résistance massive au transport des déchets nucléaires en Basse-Saxe démontrent comment les conflits s'enveniment lorsqu'aucune forme de participation citoyenne n'est proposée. En revanche, le référendum de Stuttgart montre que les consultations populaires, c'est bien mais qu'il est illusoire de croire qu'elles permettent de résoudre les conflits. Le problème de trouver la juste mesure en matière d'autodétermination politique est loin d'être réglé. Si notre société ne veut plus limiter les droits des citoyens et de la presse avec des déploiements policiers massifs, elle doit mettre très rapidement en place de nouveaux processus de dialogue, conclut le quotidien de Berlin.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Sébastien Martineau