Démission de Monseigneur Wielgus
8 janvier 2007Mauvais début d’année pour Benoît XVI, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le scandale de l’annulation de la cérémonie d’intronisation aurait pu être évité si l’Eglise polonaise avait eu le courage de consulter elle-même les archives de la Stasi polonaise. Celles-ci contiennent certainement des documents dont l’épiscopat préférerait ne rien savoir.
Un scandale sans précédent souligne Die Welt. En renonçant à sa fonction, l’impétrant à la fonction de pasteur suprême de l’Eglise catholique polonaise a certes rendu service à son pays et à son Eglise, mais trop tard. Lorsque l’on espère miséricorde et pardon, l’on ne doit pas attendre pour faire acte de franchise et, le cas échéant, de contrition.
Ce n’est pas le premier scandale du genre pour l’Eglise catholique polonaise, relève la Tageszeitung. Et la promesse du travail sur le passé du clergé polonais durant l’ère communiste n’a pas été respectée. Certes, des commissions ont été créées, des promesses faites, la miséricorde a même été exigée pour les pécheurs. Mais rien ne s’est passé. Et personne dans la hiérarchie cléricale polonaise ne montre le courage d’aborder ce sujet difficile.
On peut comprendre sur le plan humain que Monseigneur Wielgus ait collaboré avec l’ennemi, tempère la Frankfurter Rundschau. Peut-être même n’a-t-il vraiment porté préjudice à personne. Mais le simple fait qu’il ait nié son passé et, tout récemment encore, menti à ce sujet le rend inapte à occuper une telle fonction. Que Benoît XVI ait voulu étendre le manteau du pardon est naïf et témoigne d’un manque troublant du sens des réalités. Après le discours de Ratisbonne, voilà un autre « accident de parcours ».
Ce retrait ne règle que l’un des nombreux problèmes de l’Eglise polonaise, analyse la Süddeutsche Zeitung. Pôle opposant à la dictature communiste, cette Eglise n’a toujours pas trouvé son nouveau rôle dans une société polonaise engagée dans une sécularisation à outrance et que, deux ans après la mort de Jean-Paul II, le nombre de ses fidèles fond comme neige au soleil. Si Benoît XVI a misé sur Stanislaw Wielgus, c’est parce qu’il était considéré comme un intermédiaire possible entre les traditionnalistes et les réformateurs de l’Eglise polonaise. Le départ de ce pasteur devrait accentuer encore la fracture qui divise le troupeau des fidèles, conclut le quotidien.