Déjà vu
21 août 2008La Pologne, ce n'est pas Cuba, titre die Welt, en revenant sur la signature entre Varsovie et Washington de l'accord pour la mise en place, sur le territoire polonais, du bouclier antimissiles américain. La comparaison entre aujourd'hui et hier est bancale. Alors que les missiles russes menaçaient directement le territoire des USA, la technique américaine de défense d'aujourd'hui ne menace en rien la sécurité de la Russie, elle l'accroît au contraire.
Il y a 40 ans aujourd'hui, l'Union Soviétique procédait en Tchécoslovaquie à une répression brutale, rappelle la Frankfurter Rundschau. Et l'Ouest n'a pas pipé mot pour ne pas risquer une escalade qui aurait conduit à un conflit nucléaire. Aujourd'hui, la Tchécoslovaquie démocratique accueille sur son sol un système de défense américain et hier, la Pologne a fait de même. C'est au tour de Moscou d'être impuissant. Si le Kremlin a encore le pouvoir d'agresser un candidat à l'OTAN, en l'occurence la Géorgie, ses anciens vassaux lui ont définitivement échappé.
Moscou annonce le stationnement de missiles russes sur le territoire ukrainien. Va-t-on vers une nouvelle course aux armements entre les USA et la Russie ? s'interroge la Süddeutsche Zeitung. Il ne faut pas oublier pourtant que les fusées américaines ne peuvent pas menacer la Russie, ne serait-ce que pour des raisons techniques. Si le Kremlin renforce son armement, c'est soit pour l'utiliser directement, soit comme instrument de pression politique.
En Une de la Tageszeitung, une photo de femmes se pressant à Gori devant un convoi d'aide avec pour titre : survivre à Gori. Et un entretien avec le dramaturge tchèque Pavel Kohout au sujet des parallèles entre le Printemps de Prague et la guerre dans le Caucase.
Même effet de déjà vu » aussi sur la Une de la Frankfurter Allgemeine Zeitung avec une photo d'un char russe dans une rue en flammes et cette légende : Budapest 1956, Grosny 1999 et Gori 2008. Et de rappeler la doctrine brejnévienne de «souveraineté limitée» des états satellites de l'Union soviétique. La doctrine a beau avoir été abandonnée en 1988, dit la légende, les décennies passent mais les interventions russes n'en finissent pas de se ressembler.