Débats sur les écoutes policières à domicile
9 juillet 2004Pour die Welt, le concept de mise sur écoute paraît agressif et menaçant, et empêche un débat objectif et concret sur le pour et le contre des écoutes policières à domicile. Il faudrait avant tout se poser deux questions élémentaires, poursuit le quotidien. La première, c’est combien d’importance accordons-nous d’une part au droit d’inviolabilité du domicile et d’autre part au souhait d’une plus grande sécurité intérieure ? La deuxième question, c’est sommes-nous prêts à faire des compromis sur ce premier droit quand il existe des indices concrets que dans un domicile précis quelqu’un prépare un crime ou une attaque terroriste ?
Selon la Tageszeizung de Berlin, avec l’extension des écoutes policières à tout un groupe de professions qui ont normalement le droit de refuser de témoigner, la ministre de la justice va à l’encontre du jugement de la cour constitutionnelle de Karlsruhe. La logique de ce jugement, écrit le quotidien, c’était de protéger les droits fondamentaux des citoyens en réduisant la surveillance de l’Etat. Au mois de mars, les juges de Karlsruhe avaient décidé qu’à l’avenir la mise sur écoute ne serait autorisée que dans les cas concernant les délits les plus graves, c’est-à-dire ceux qui sont passibles de plus de cinq ans de prison. Et pour la taz, c’est tout le contraire que prévoit le projet de loi de la ministre. En effet il prévoit d’une part d’élargir le cercle de personnes susceptibles d’être mises sur écoute et d’autre part d’augmenter le nombre de délits qui entraînent une telle surveillance.
Le gouvernement justifie l’extension de la loi à de nouveaux groupes de personnes en évoquant la lutte contre le terrorisme, écrit le Financial Times Deutschland. C’est absolument ridicule, et par dessus hypocrite. Le fait de mettre sur écoute les personnes tenues au secret professionnel ne réduira aucunement la menace terroriste. Car les terroristes islamistes ne vont pas confesser au curé qu’ils préparent un attentat, et ils ne le racontent pas aux journalistes. Les terroristes n’exercent pas non plus ce genre de métiers. Si cette provocation calculée qu’est le projet de loi devait être, contre toute attente, acceptée par la coalition, alors les juges de Karlsruhe devront rappeler à l’ordre une seconde fois la ministre de la justice, conclut le journal, et cette fois-ci avec plus de sévérité.