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Crise politique en Turquie

Aude Gensbittel3 mai 2007

La crise politique en Turquie est au cœur des commentaires de la presse allemande. Une crise qui s’annonce longue et difficile selon les éditorialistes, qui craignent pour la stabilité du pays.

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Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan
Le premier ministre turc Recep Tayyip ErdoganImage : AP

En ce qui concerne la poussée vers l’Europe, écrit la Frankfurter Rundschau, Recep Tayyip Erdogan a un illustre prédécesseur historique : Kemal Atatürk. Dommage pour lui que le fondateur de la Turquie moderne ait voulu remodeler son pays de façon laïque, selon les valeurs du siècle des Lumières en Europe. Et dommage pour l’Europe que les plus importants héritiers d’Atatürk, les généraux, préfèrent un régime autoritaire, et que ce soit justement le parti islamiste d’Erdogan, l’AKP, qui ait pris en main la démocratisation du pays. Le grand point commun des deux adversaires, est que ni l’un ni l’autre ne peuvent être considéré comme de véritables partisans de la démocratie selon les critères européens.

Ceux qui pensaient que la Turquie allait retrouver le calme après la décision de la cour constitutionnelle de bloquer l’élection présidentielle de facto s’étaient visiblement trompés, écrit la Tageszeitung. Comme s’il n’attendait que cette décision, le premier ministre Erdogan a lancé hier une nouvelle offensive et annoncé que le président devrait à l’avenir être élu au suffrage universel. Changement de la durée du mandat présidentiel et de la législature, nouvel équilibre des pouvoirs entre le parlement et le président, avec ses exigences, l’AKP pousse de nouveau l’opposition dans la défensive, juste après sa prétendue victoire auprès de la cour constitutionnelle. Mais pour le journal, ce dont la Turquie a impérativement besoin, c’est d’un dialogue plutôt que d’incessantes confrontations. Car le principal problème de la démocratie turque, c’est que ses élites politiques sont incapables de faire des compromis.

Pour la Süddeutsche Zeitung, il ne faut pas croire que tous ceux qui défendent la laïcité approuvaient la menace de putsch. Ce qui manque à la Turquie, c’est une opposition qui croit à la démocratie, au lieu d’aller chercher l’aide de l’armée. Et ce dont le pays aurait besoin, c’est d’un mouvement qui sauve le véritable legs d’Atatürk face à l’interprétation qu’en font ses héritiers les plus fervents. Car Atatürk aspirait à une nation sûre d’elle, au regard tourné vers l’occident et non vers son propre nombril.