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Crashs aériens en Russie, accidents ou attentats?

Aude Gensbittel26 août 2004

Après le crash de deux avions à quelques minutes d’intervalle mardi soir dans le sud de la Russie, les interrogations persistent sur les causes de la catastrophe. Le FSB, les services de sécurité russes, ont affirmé qu’aucun indice ne permettait de conclure à un attentat terroriste. Mais à seulement quelques jours de l’élection présidentielle en Tchétchénie et alors que les rebelles séparatistes ont proféré des menaces d’attentat, beaucoup d’éditorialistes mettent en doute l’hypothèse d’un simple accident.

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Image : P

En Russie, tout peut arriver, écrit la Stuttgarter Zeitung. Par exemple, les sous-marins atomiques peuvent couler, ou bien les tours de télévision peuvent brûler. La négligence et la vétusté des machines ont coûté la vie à beaucoup de personnes ces dernières années. Pour le journal il est donc possible que même le crash quasi simultané de deux avions Tupolevs soit dû à des problèmes techniques et à un mauvais entretien.

Le ton est radicalement différent dans le Financial Times Deutschland. Au Kremlin on travaille avec des allusions, de vagues suppositions et un minimum d’informations précises, écrit le journal. Ce genre d’astrologie était la science préférée de l’Union Soviétique, et la voilà qui reparaît aujourd’hui. Les hommes de Vladimir Poutine mettent tout en œuvre pour manipuler le flot d’informations à leur avantage, poursuit le quotidien, et il semble que l’hypothèse d’un attentat n’entre pas dans ce concept. Dimanche a lieu l'élection présidentielle en Tchétchénie et les séparatistes ont menacé de lancer de nouvelles attaques. Et pourtant le Kremlin fait tout pour donner l’impression qu’il a la situation bien en main.

Pour les familles des victimes, la cause de la catastrophe ne joue pas un rôle important, écrit la Süddeutsche Zeitung. Il en est autrement pour Vladimir Poutine. Dans le cas d’une défaillance technique ou humaine, le président russe peut au moins se présenter comme une figure forte qui console les familles et le peuple russe, condamne la faute avec sévérité et demande des comptes aux responsables. Si en revanche il s’agit d’attaques aériennes, le puissant chef d’Etat toujours si prompt à s’engager dans la lutte anti-terroriste fait alors bien piètre figure.

Pour la Frankfurter Rundschau, si l’on croit à l’hypothèse d’un acte terroriste, pas besoin de se demander longtemps qui en sont les auteurs. A quelques jours de l’élection présidentielle tchétchène, on remonte vite aux rebelles séparatistes. En effet ces attaques correspondraient bien à la stratégie de violence officiellement annoncée par les rebelles au cours des derniers mois. Deux attentats juste avant la nomination déguisée en vote d’un président pro-russe à Grozny seraient un désastre pour le Kremlin, poursuit le quotidien. Car il deviendrait clair aux yeux de l’opinion publique que la Tchétchénie, contrairement à l’image qu’en donne Moscou, est tout sauf un endroit sûr.