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Condamnation de Zacarias Moussaoui

Aude Gensbittel5 mai 2006

La presse allemande se penche largement sur la condamnation de Zacarias Moussaoui pour complicité dans les attentats du 11 septembre 2001. Hier un tribunal américain a condamné le Français d’origine marocaine à la prison à vie. Si pour beaucoup justice a été faite, certains, notamment parmi les proches des victimes, regrettent qu’il n’ait pas été puni de la peine de mort. Les journaux allemands, eux, sont unanimes, et saluent dans ce procès, le premier du genre aux Etats-Unis, une victoire de l’Etat de droit.

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Zacarias Moussaoui
Zacarias MoussaouiImage : AP

Les Etats-Unis n’ont pas donné à Zacarias Moussaoui l’incroyable satisfaction d’être condamné à mort et de faire figure de martyre ayant gagné sa place au paradis, écrit die Welt. La majorité des proches des victimes du 11 septembre se sont déclarés déçus, mais certains ont jugé pire que la mort d’être enfermé jusqu’à la fin de ses jours dans une cellule d’isolement d’une prison de haute sécurité du Colorado. Le fait que le procès ait eu lieu, poursuit le quotidien, qu’il ait été long, difficile et équitable, est en tout cas une victoire pour l’Etat de droit, dans un pays qui depuis bientôt cinq ans privilégie dangereusement l’état d’urgence.

Le parquet et le gouvernement Bush, même s’ils se joignent à présent à l’opinion générale que justice a été faite, avaient demandé la peine de mort, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Leur argument principal, selon lequel les attentats du 11 septembre auraient pu être évités si Moussaoui avait révélé ce qu’il savait, n’a pas convaincu les jurés. Pour eux, il n’a joué qu’un rôle mineur. Les jurés ont même estimé que son enfance difficile en France représentait une circonstance atténuante. Ce qui est assez extraordinaire quand on considère qu’il s’agissait du premier procès aux Etats-Unis contre le réseau terroriste Al-Qaïda et qu’il était suivi de près par l’opinion publique.

Les jurés étaient soumis à une grande pression, estime également la Süddeutsche Zeitung. Ils étaient face à un crime qui a traumatisé la nation et pour lequel aucun responsable n’a encore rendu de comptes, et face à un accusé qui, encore dans la salle d’audience, se réjouissait de la souffrance des victimes. Et pourtant les jurés ont reconnu que la participation de Moussaoui aux attentats n’était que limitée et le procès s’est déroulé de façon juste et équitable. Ce qui n’allait va pas forcément de soi quand on sait que le gouvernement Bush détient à Guantanamo presque 500 personnes auxquelles on reproche exactement la même chose qu’à Moussaoui : d’être impliqué dans la conspiration d’Al-Qaïda contre les Etats-Unis.

Même ton dans la Tageszeitung, qui rappelle que la majorité des prisonniers de Guantanamo sont détenus depuis plus de quatre ans sans inculpation et sans procès, et donc sans aucune chance de pouvoir se défendre.