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Compromis turc sur Chypre

Aude Gensbittel8 décembre 2006

Rebondissement dans le dossier chypriote. La Commission Européenne avait recommandé la semaine dernière une suspension partielle des négociations d'adhésion de la Turquie à l’Union Européenne à cause de son refus d’ouvrir les ports et aéroports turcs aux navires et avions chypriotes.

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Ce à quoi Ankara s’était pourtant engagée en signant en 2005 un protocole qui étend son union douanière avec l'Union Européenne aux dix pays qui ont rejoint l’Union en 2004. Mais le cas de Chypre reste sensible pour la Turquie, l’île est en effet divisée depuis 1974 en deux parties turque et grecque, et seule la République de Chypre, la partie grecque, a adhéré à l’Union Européenne.Mais voilà que le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a proposé hier un compromis : ouvrir un port et un aéroport pendant un an aux Chypriotes grecs.

D’abord le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan rejette avec dédain une proposition européenne négociée pendant des semaines pour résoudre le conflit chypriote, écrit la Süddeutsche Zeitung. A présent, il laisse entendre que ce qui était encore hors de question il y a deux jours, pourrait tout de même fonctionner, en partie. Au sein de l’Union Européenne, cela éveille inévitablement le soupçon que la Turquie n’est pas du tout intéressée par un règlement sérieux du conflit, mais cherche juste à amadouer l’Union pour empêcher la suspension partielle de ses négociations d’adhésion. Ce qu’Erdogan propose ne suffit pas. Par leur union douanière avec l’Union, les Turcs sont dans l’obligation de garantir une libre circulation des marchandises à tous les Etats membres. Point.

Après la rencontre il y a quelques jours entre la chancelière Angela Merkel et le président français Jacques Chirac, le gouvernement turc a dû reconnaître que sa position offrait une occasion rêvée à ceux qui s’opposent par principe à l’adhésion de la Turquie à L’Union Européenne, analyse la Tageszeitung. Merkel et Chirac l’utilisent en effet pour remettre complètement en question les négociations. Mais même si la frustration est grande au sein du gouvernement et de l’opinion publique turque face à ces signaux envoyés par une partie de l’Europe, on ne veut tout de même pas claquer la porte et faire ainsi exactement ce qu’espèrent Merkel et les autres. Ce qui est important, poursuit le quotidien, c’est d’entamer un débat au sein de l’Union Européenne sur la façon de trouver une solution équitable pour Chypre.

Même credo dans la Frankfurter Rundschau, qui estime que le problème avec le protocole d’Ankara ne se poserait pas si Bruxelles n’avait pas fait adhérer à l’Union la partie grecque de l’île, malgré le fait que celle-ci venait de torpiller la réunification avec la partie turque. On peut donc comprendre que les Turcs se sentent dupés, car l’Union Européenne avait accepté d’accorder son aide pour mettre un terme à l’embargo contre Chypre nord, mais n’a jamais tenu sa promesse.