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Comment réduire l'immigration clandestine ?

Eléonore d'Andlau-Hombourg | Marc Dugge
1 mars 2017

Selon l'UE, la situation ne se résoudra pas sans l'aide des pays d'origine des migrants. L'Espagne connait la chanson. Il y a dix ans, le pays a été submergé par des flux migratoires sur l'archipel des Canaries.

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Italien Flüchtlinge in Lampedusa
Image : Reuters/A. Bianchi

'C’est devenu inutile d’essayer de passer par la mer' - MP3-Stereo

Dans le port de Dakar. A bord d’un bateau de la Guardia Civil, des policiers sénégalais et espagnols se préparent main dans la main à effectuer la patrouille de l’après-midi. Le contrôle des frontières maritimes suit une règle claire : toute personne suspectée de vouloir migrer illégalement vers les Canaries sera ramenée vers la côte. Antonio Quevedo, le capitaine : « C’est devenu inutile d’essayer de passer par la mer. Parfois nous interceptons des personnes qui viennent de très loin. Des gens qui ont investi beaucoup d’argent. Tout ça pour que finalement nous les repêchions et les rapatrions. »

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Navire de surveillance sur les cotes espagnolesImage : AP

Coopération internationale

Les voies maritimes qui servaient la migration clandestine entre le Sénégal et les Canaries semblent être à présent infranchissables. Les vagues migratoires massives qui touchaient les Canaries particulièrement en 2006 semblent appartenir au passé. Depuis, l’Espagne et le Sénégal ont conclu un pacte pour bloquer ces flux à la source. Un pacte qui semble avoir porté ses fruits et pourrait servir d’exemple pour l’Union Européenne. Comme l’explique Alberto Virella, ambassadeur d’Espagne auprès de la République du Sénégal : « La recette gagnante, c’est de travailler sur plusieurs plans avec les pays de la région. Combattre la pauvreté, favoriser le développement économique et les relations commerciales, approfondir les échanges culturels. Si l’UE veut contrôler la migration, elle n’y arrivera que si les pays d’origine en tirent également profit.»

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Côte sud du mur de CeutaImage : AP

Le cas de l'Espagne

Pour se faire, le gouvernement espagnol a dès 2007 fortement augmenté son budget d’aide au développement pour le Sénégal. Une partie de ces fonds a été tout spécialement utilisée pour la lutte contre la migration clandestine. Plus de bateaux pour les patrouilles, un hélicoptère pour survoler les côtes, une équipe de police aux frontières renforcée : avec un budget passant de 78.000 euros en 2006 à près de 2 millions d’euros en 2007, la coopération policière entre les deux pays s’est donnée les moyens techniques pour surveiller les côtes et les réseaux de passeurs.  Mais pour Estebán Beltran d’Amnesty International, ces politiques ne font que repousser le problème : « Les gens qui veulent aller en Espagne essaient à présent de passer par le Maroc ou la Libye. Avant ils passaient par le Sénégal, aujourd’hui c’est par le Mali. » 

Dix ans après le pacte passé entre Madrid et Dakar, le Sénégal détient toujours le plus important groupe de migrants ouest-africains en Europe. Les causes profondes de cette migration n’ont donc pas encore été combattues.