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Comment endiguer la montée de la violence dans les lycées ?

10 décembre 2007

Le massacre programmé récemment par deux lycéens à Cologne a été l'occasion de se pencher à nouveau sur le rôle et l'importance des psychologues scolaires. En Allemagne, ils font cruellement défaut.

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Détail des armes saisies au domiciles des deux lycéens
Détail des armes saisies au domiciles des deux lycéensImage : AP

Un reportage de Chantal Schlicht.

Un psychologue scolaire pour dix mille élèves : c'est la proportion actuelle en Allemagne. Un chiffre qui en dit long à l'heure où les problèmes sont plus nombreux que jamais dans les écoles.

C'est ce qu'explique Josef Kraus, président de la Fédération allemande des enseignants et proviseur d'un lycée du sud de l'Allemagne : "Les écoles sont dépassées par les problèmes car le nombre de jeunes qui auraient vraiment besoin d’une thérapie augmente de plus en plus. La réceptivité à la violence est, elle aussi, en progression et, en général, il y a davantage d’enfants qui présentent des dysfonctionnements alimentaires ou émotionnels et qui ont de graves problèmes chez eux. Ceci à cause de situations familiales trop souvent précaires."

Psychologues mobiles

La police bloque l'entrée du lycée Georg-Buechner à Cologne, le 19 novembre
La police bloque l'entrée du lycée Georg-Buechner à Cologne, le 19 novembreImage : AP

Jusqu'ici, toutes les écoles intégrées disposaient d'un psychologue scolaire présent sur place au moins quelques heures par semaine. Mais la situation est en train de changer. Désormais, les psychologues seront joignables et prêts à intervenir à partir de leur bureau rattaché à l'administration du district.

Sonja Leppers est l'une des six psychologues scolaires du district Rhein-Erft qui couvre 150 écoles, soit 62 000 élèves. Comme elle l'explique, "il arrive souvent que les professeurs remarquent que quelque chose cloche chez un élève. Ils conseillent alors aux parents de s'adresser au psychologue scolaire. Souvent aussi, les professeurs, dans une situation difficile, nous demandent de venir assister au cours..."

Situation d'échec scolaire, anomalie ou changement soudain de comportement, problèmes familiaux ou conflits au sein même de l'école, le psychologue scolaire doit faire face à des problèmes de nature très diverses. Or, tous ne sont pas décelés et d'eux-mêmes, les élèves ont souvent du mal à demander de l'aide. Ainsi, Nanna, 15 ans, interrogée à la sortie du lycée, estime que "le psychologue scolaire essaye vraiment d'aider les élèves qui vont le voir. Mais je pense que beaucoup n'y vont pas parce que rien que l'idée d'y aller les impressionne."

Mobing à l'école

La violence dans les lycées est un thème récurrent en Allemagne
La violence dans les lycées est un thème récurrent en AllemagneImage : AP

Ainsi, il semble que le psychologue reste malgré tout considéré comme une personne étrangère à l'école. Autre problème souligné par Sonja Leppers : aujourd'hui, dans les établissements scolaires allemands, le mobbing est un problème rencontré de plus en plus fréquemment. "J'ai l'impression, explique-t-elle, que le phénomène du mobbing n'est pas encore assez connu. La presse a aidé les professeurs et les élèves à en prendre davantage conscience et à réaliser l'importance d'aider ceux qui en sont victimes. Mais le problème, c'est que les victimes, par peur, gardent le silence.
- "Et rien n'est plus important, ajoute Sonja Leppers, que de briser ce silence."

Pour Rune, 17 ans, l'appui du psychologue est ainsi toujours souhaitable dans ce contexte : "Ce qui serait appréciable, c'est que le psychologue scolaire prenne part à la discussion lorsque l'on parle en cours de cas de mobbing ou d'autres problèmes de ce genre."

Harcèlements et violences

Le massacre de Columbine aux Etats-Unis, en 1999, a marqué un tournant dramatique de la violence dans les lycées
Le massacre de Columbine aux Etats-Unis, en 1999, a marqué un tournant dramatique de la violence dans les lycéesImage : AP

Mobbing et violence seraient donc intimement liés. L'un des jeunes à l'origine du projet de tuerie de Cologne était harcelé par ses camarades de classe. Le lycée aurait-il pu stopper la violence en aidant le jeune garçon? Laura, 19 ans, ne le pense pas. Elle estime qu'on ne peut pas "rejeter toute la responsabilité sur l'école. Il faut voir le contexte social et familial de ces élèves. Ce qui est sûr, c'est que tout ce potentiel de violence se dirigeait contre l'école et pas contre la famille. Et que par conséquent, on aurait peut-être pu voir que quelque chose était entrain de se tramer. Mais de là à rendre l'école responsable..."

Josef Kraus, le président de la Fédération allemande des enseignants, a été lui-même psychologue scolaire. La réponse au manque de psychologues pourrait-elle être d'avoir des enseignants formés à la psychologie? "Bien sûr, répond-il, il serait souhaitable que les enseignants aient tous une expérience de la psychologie, mais c’est trop demander. En fait, avoir l’œil vigilant et l’oreille attentive à l’égard des enfants difficiles est davantage une question d’état d’esprit que de qualification. Je pense que l’on pourrait souvent stopper la violence si on regardait plus attentivement autour de soi. Et pour cela, il ne faut pas une formation spéciale." Mais ce dernier rappelle néanmoins qu'il est très urgent de multiplier le nombre des psychologues scolaires dans les écoles allemandes. Si on veut éviter des drames dans l'avenir.

A écouter aussi dans cette émission :

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En République tchèque, les enseignants préfèrent souvent ignorer le harcelement d'un élève, qu’il s'agisse de racket ou de vengeance. Pourtant, ce type de harcèlement a des conséquences psychologiques graves et face à cela, certains parents préfèrent retirer leurs enfants du lycée plutôt que s’adressser aux autorités. Alors même que 45% des élèves tchèques avouent avoir été victimes de violences scolaires.

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