1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Colonisation, profil de Mnangagwa et hommage musical

Hugo Flotat-Talon
26 janvier 2018

Les journaux allemands questionnent cette semaine la capacité réformatrice d'Emmerson Mnangagwa. Mise en garde aussi contre les discours néocolonialistes en Grande-Bretagne et hommage au trompettiste Hugh Masekela.

https://p.dw.com/p/2ra76
Simbabwe Alltag Fotoreportage von Cynthia R Matonhodze
Image : DW/C. R. Matonhodze

Le président Zimbabwéen a retenu l'attention des salles de rédactions allemandes cette semaine. Emmerson Mnangagwa, qui était notamment au forum économique mondial de Davos et a annoncé des élections, est comme "décortiqué", "passé aux rayons x", par la presse allemande. On s'intrigue, se questionne. "Le Zimbabwe semble ne plus être le même pays qu'il y a quelques mois", dit la Süddeutsche Zeitung. Fin de la dictature, l'économie doit repartir et on annonce des élections.

"Mais ça c'est à première vue, reste à savoir l'ampleur des réformes qui vont être mises en place par celui qui porte de toute façon le même tissu que Mugabe", écrit la Süddeutsche Zeitung, rappellant que Mnangagwa a été le bras droit du président déchu durant des années. Le journal se dit peu optimiste de voir un réel changement lors des élections annoncées. "C'est tragique, mais la date arrive au plus mal pour l'opposition dont le chef Morgan Tsvangirai est malade d'un cancer". 

Davos WEF Emmerson Mnangagwa zu Wahlen  Simbabwe
Image : Getty Images/AFP/F. Coffrini

Plus pessimiste encore, le journal suisse en langue allemande Neue Zürcher Zeitung. "Sur les questions compliquées pour le pays comme celles de l'expropriation des fermiers blancs ou les massacres au Matabeleland, Mangagwa digresse sur le passé ou se perd dans les détails." Le journal rappelle d'ailleurs son surnom "Crocodile". Avant de conclure : "On pourrait aussi parler de caméléon. Comme un homme de pouvoir qui a sacrifié sa morale à ses ambitions et s'est toujours adapté. Comme il est en train de faire maintenant". 

 

"Recoloniser le Sud"

Symbolbild The Economist
Image : imago/S. Geisler

Dans la presse, au autre débat cette semaine. C'est la Tageszeitung qui nous emmène en Grande-Bretagne, où une question fait rage en ce moment : celle des bienfaits ou non de la colonisation. Le débat pourrait se dérouler partout en Europe mais c'est là qu'il est particulièrement fort en ce moment. C'est le rédacteur en chef d'un journal publiant des sujets d'étudiants et d'universitaires qui nous raconte. Il évoque non pas des nostalgiques ou des extrémistes isolés mais un professeur d'université qui vante ses apports des colons dans la presse britannique !

"Il reçoit beaucoup d'applaudissements", raconte le rédacteur qui décrypte la stratégie pour faire passer ce message. "Il reconnait des massacres ou des soumissions, mais dit que tout ça est contrebalancé par la fin de l'esclavage ou la mise en place d'institutions démocratiques". Le professeur relativise aussi la violence, disant qu'il y en avait aussi "avant et après la colonisation". 

"Mais le plus grave dans son discours c'est à quel point il ignore combien les structures coloniales sont encore présentes". Via les mines au Congo ou dans la raffineries au Nigéria", dit l'auteur. Le professeur anglais cite des politologues américains qui veulent "recoloniser le Sud". "C'est effrayant et il est temps de confronter publiquement ces idées", nous écrit le rédacteur. 

 

Adieu l'artiste

Hugh Masekela
Image : Imago/R. Gigler

Et puis unhommage rendu cette semaine par de nombreux journaux. Celui à Hugh Masekela. Le trompettiste sud-africain est mort mardi à Johannesburg à 78 ans. Dans les pages des journaux et en musique sur internet, tous ont raconté sa vie cette semaine. Sa fuite d'Afrique du Sud face à l'apartheid, ses succès sur le continent, aux Etats-Unis, ses collaborations avec les plus grands, sa chanson "Soweto blues" devenue l'hymne anti-apartheid ...  "En 2010 c'est lui encore qui ouvrait la coupe du monde de foot avec un concert", rappelle la Neue Zürcher Zeitung. 

Les hommages sont unanimes désormais. Beaucoup ont d'ailleurs choisi le même titre cette semaine pour son portrait posthume. "La légende du jazz est morte".

 

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_