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"Coincés" en Mauritanie

Khalilou Diagana31 octobre 2013

Située à plus de 400 km de Nouakchott, Nouadhibou a servi jusqu'en 2005 de point de départ pour les immigrants clandestins vers l'Europe. Depuis, la législation s'est durcie et beaucoup sont "coincés" là-bas. Reportage.

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Le "petit Guantanamo"Image : SEYLLOU/AFP/Getty Images

L'Union européenne a doté la Mauritanie de moyens de surveillance de ses frontières. Avec l'appui de l'Espagne, en 2006, un centre de rétention des migrants clandestins a été ouvert à Nouadhibou. Ce camp appelé « petit Guantanamo » du fait de la rigueur des conditions de rétention a été fermée il y a un peu plus de deux ans. Mais la surveillance des côtes mauritaniennes demeurent sévère.

Voie terrestre

Comme il est devenu quasiment impossible de passer par la mer, les migrants cherchent, souvent en vain, de passer la frontière marocaine située a une cinquantaine de kilomètres de Nouadhibou. Alain, une trentaine d'années, est Ivoirien ; il vient de la région de Man et vit à Nouadhibou depuis cinq ans. «Quand je suis parti, c'est le Maroc que je visais pour passer après en Espagne ». Alain est encore à Nouadhibou, il vit de petits boulots, de précarité et de tracasseries.

Spanien Frontex Boot
Depuis la mise en place de Frontex, en 2006, les traversées maritimes au départ de la Mauritanie ont quasiment cessé.Image : Desiree Martin/AFP/Getty Images

Attente et débrouillardise

Jean, lui aussi âgé de trente ans, est arrivé en Mauritanie en janvier 2013. Il vient de Goma en RDC. Il est passé par la République Centrafricaine, le Cameroun, le Mali, le Sénégal pour venir à Nouadhibou. Il a déposé un dossier de demande d'asile et attend une réponse. Il vit lui aussi de débrouillardise. Jean éprouve un sentiment de fatalisme mêlé de révolte et d'espoir :

« Je n'ai pas assez d'argent, que ce soit pour partir au Maroc ou en Espagne. Dieu est compliqué vraiment. Cela fait plus de huit mois que je suis en Mauritanie. Je vais voir si j'ai une chance dans d'autres pays comme le Canada, l'Australie, la Suède. C'est Dieu qui connait. Moi j'ai rien. »

De jeunes Africains du sud du Sahara viennent toujours à Nouadhibou dans l'espoir de gagner l'Europe. On les trouve aussi à 50 km de Nouadhibou, dans une sorte de nomandsland, entre les postes frontières de la Mauritanie et du Maroc. Les rares parmi eux qui arrivent à traverser cette frontière iront, fort probablement, grossir les rangs de ceux qui vivent d'espoir et de misère au Maroc, « en attendant le bonheur ».