Clôture du fonds d'indemnisation des travailleurs forcés
13 juin 2007Pour la Frankfurter Rundschau, ce dédommagement des anciens travailleurs forcés du régime nazi s’inscrit dans ce projet où la République fédérale se définit volontairement comme l’état qui a succédé au IIIème Reich. C’est un grand succès de la démocratie qu’au moins 1,7 millions de victimes aient été dédommagés financièrement des crimes perpétrés à leur encontre.
Le bilan présenté hier lors de la cérémonie officielle semble impressionnant : presque deux millions de victimes, en majorité originaires d’Europe centrale et de l’Est, ont reçu plus de 4 milliards d’euros. Pourtant, objecte la Ostsee-Zeitung, il ne s’agit que d’une aumône de quelques milliers d’euros pour chacun d’entre eux. Certes, cette tentative de dédommager un tant soit peu une jeunesse volée, des tortures insoutenables et des blessures perpétuelles est méritoire. Pourtant, elle est venue bien trop tard pour ces milliers d’esclaves de l’industrie de guerre allemande morts bien avant la mise en place de ce fonds.
La qualité du bilan de ce fonds reste entachée par l’exigence posée lors de sa création de protéger définitivement les entreprises allemandes de toute poursuite ultérieure dans ce domaine, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pourtant, malgré le traité gouvernemental passé entre les USA et l’Allemagne en 2000, une plainte collective est actuellement déposée en Amérique. Si le trait est tiré sous le chapitre du travail forcé en termes juridiques et financiers, il ne l’est pas en termes de morale. Le souvenir de l’histoire allemande doit rester vivant. Mais le faire par le biais de procès est peu élégant.
Est-il vraiment possible de dédommager les souffrances des esclaves du régime nazi, s’interroge la Nordwest-Zeitung. Il s’agit ici seulement d’un geste car tout rachat de ces souffrances est impossible. Et le fait que la plupart des victimes sont mortes sans dédommagement en raison de la durée des basses tractations au sujet des chiffres et des montants reste l’un des éléments les plus amers de ce chapitre.
L’essentiel était ici le message lancé, souligne le Main Echo : l’Allemagne et son économie ne renient plus leur passé. Certes, les versements sont désormais terminés, mais le traitement de ce pan de l’histoire allemande n’est pas fini, loin de là. Ici, pas de rachat possible. La tache reste indélébile, conclut le quotidien.