Chômage, réalité et statistique
29 avril 20054 millions 968 mille chômeurs en Allemagne en avril – « voilà un quatre qui coûte cher ! » estime la SÜDDEUTSCHE ZEITUNG. Pour savoir combien exactement, « il suffit d’aller à Berlin où neuf jeunes sur dix sont condamnés à accepter des jobs à un euro », ajoute notre confrère de Munich pour qui la baisse du nombre des sans emplois n’est de toutes façons que « statistique »…
C’est sans doute pourquoi la TAGESZEITUNG qui partage manifestement cet avis, met toute son ironie dans ce conseil : « Les spécialistes et le ministre ont raison d’être optimistes. On doit considérer uniquement les statistiques officielles et éviter tous les autres chiffres. » C’est à se demander à quoi servent ces publications mensuelles, ajoute notre confrère de Berlin.
Car, comme le rappelle de son côté DIE WELT, le chiffre du chômage « réel, statistiquement non corrigé, évolue toujours autour de sept millions. » Ce qui n’empêche pourtant pas le journal de Berlin de voir venir « enfin le printemps ». Un « signe positif », écrit encore notre confrère, un signe qui traduit selon lui un « ralentissement des suppressions d’emplois. »
« 200 000 chômeurs en moins », nuance pour sa part le WESTFALEN-BLATT, « ce n’est pas ce qu’on peut appeler un renversement de tendance »… « c’est le printemps », ajoute froidement le journal de Bielefeld : « un printemps seulement un peu plus tardif cette année que d’habitude »...
« Un triste bilan », écrit pour sa part la LEIPZIGER VOLKSZEITUNG : d’une tristesse « dépassée seulement par l’ignorance du gouvernement », et plus précisément celle du ministre de l’économie, le SPD Wolfgang Clement, qui se perd immédiatement en louanges.
Mais « sur quelle planète se trouve-t-il donc ? » demande aussi la WESTDEUTSCHE ZEITUNG, ce ministre qui, à peine le chômage redescendu juste au-dessous de la barre des 5 millions, affirme tout de go que « plus jamais l’Allemagne ne repassera au-dessus » de ladite barre. Il en donne même sa main à couper. « Un conseil que, personnellement, j’éviterais de suivre » précise l’éditorialiste du journal de Düsseldorf.
D’autant moins que si l’on en croit la SÜDWEST-PRESSE, les derniers chiffres du chômage sont un avant-goût de ce qui attend l’Allemagne bien au-delà de 2005 : une stabilisation sur le marché des emplois traditionnels et une progression sur celui des bas salaires. Bref, conclut le journal d’Ulm : une « pauvreté » croissante du travail.