C'est la crise !
30 septembre 2008Comme les quotidiens allemands ignoraient encore la démission d'Erwin Huber, le patron défait de la CSU, il spéculaient sur les conséquences de cette Bérézina politique. Et la photo en titre de la Tageszeitung était à cet égard assez éloquente avec les deux perdants de dimanche, les yeux baissés, comme deux garnements chargés de garder les poules et que le renard aurait roulé dans la farine.
Au-delà des spéculations, les quotidiens allemands, comme la Süddeutsche Zeitung par exemple, voient dans ce résultat la fin des grands partis dominants. En Italie et en France, les grands partis populaires éclatent en diverses sensibilités, en Autriche, ils se cramponnent encore l'un à l'autre pour tenter de survivre et en Allemagne, où tout arrive toujours un peu plus tard qu'ailleurs, on voit l´éclosion de petits partis de provenances diverses. Lors des prochaines élections générales, si les grands partis populaires allemands devaient connaître des pertes similaires à celles de la CSU, les coalitions à deux, voire à trois, ne seront plus possibles, mathématiquement parlant.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle, tire un parallèle entre les scrutins de Bavière et d'Autriche. Ici comme là-bas, pas de direction du parti charismatique et expérimentée. Ici comme là-bas, les partis ont préféré flatter l'électeur au lieu de définir une ligne politique claire capable de convaincre. Lorsqu'on ne cesse de copier les populistes, qu'on ne se plaigne pas que les électeurs finisssent par préférer l'original à la copie.
A propos de copie, die Welt revient sur la crise financière et affirme : c'est aussi NOTRE crise ! Après les 35 milliards d'euros d'aide pour sauver de la faillite la banque munichoise Hypo Real Estate, le quotidien rappelle non sans une certaine ironie que Peer Steinbrück, le Ministre fédéral des Finances, soulignait, il n'y a pas une semaine de cela, que les banques allemandes étaient plus solides que leurs homologues américaines. Depuis dimanche, tout le monde sait que le ministre s'est trompé. Et la méfiance, désormais exacerbée, pourrait bien entraîner dans la crise des établissements encore en bonne santé financière.
Même diagnostic pour la Frankfurter Rundschau. Apparemment, personne en Allemagne ne semble avoir pris la vraie dimension de l'ampleur et de la gravité de cette crise. La nationalisation offre au moins l'avantage de donner aux contribuables qui paient la facture le pouvoir d'influencer à terme la politique commerciale des banques. Lorsque plus personne n'a confiance dans les banques privées, le seul partenaire sûr qui reste, c'est bien l'Etat.