C'est la crise...
11 avril 2011Rome veut contrevenir au Traité de Schengen et se débarrasser de ces réfugiés en leur accordant des visas de libre circulation pour toute l'Europe, s'indigne die Welt. Ce chantage est inacceptable. Cependant, Rome a raison sur un point : ce problème concerne toute l'Europe et pas seulement les états riverains de la Méditerranée. Le Ministre allemand des Affaires étrangères a été parmi les premiers à saluer les soulèvements dans les pays arabes. Mais on ne peut pas à la fois applaudir les luttes pour la liberté et en refuser les conséquences négatives.
C'est moins l'attitude de l'Allemagne que celle de la CSU que la Süddeutsche Zeitung critique. Ce parti veut remettre en vigueur les contrôles frontaliers pour protéger l'Allemagne des réfugiés en provenance d'Afrique du Nord. Bravo ! Ceux qui réagissent par l'égoïsme et la ségrégation aux bouleversements en cours dans l'espace arabe ont perdu tout sens des réalités. Il faut au contraire répéter que cette chance historique de promouvoir la liberté et la démocratie dans cette région du monde exige certains efforts. Et non l'érection d'un mur pour protéger l'Europe.
L'Allemagne n'a pas de frontière commune avec l'Italie, explique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cette menace ne peut donc concerner que les frontières austro-allemandes ou franco-allemandes. Berlusconi attend que ses collègues européens se montrent solidaires et en appelle à l'esprit européen. Soit l'Europe est quelque chose de vrai et de concret, soit ce n'est pas le cas. Si ce n'est pas le cas, il est alors préférable de se séparer et que l'on se débrouille chacun de son côté avec ses peurs et son égoïsme. Voilà qui est parler !
Dans ce contexte, la Tageszeitung de Berlin ouvre ses colonnes à Rafael Seligman, écrivain et journaliste, qui rappelle une vérité que les Allemands ne devraient pas oublier : la démocratie a besoin de temps. L'Occident doit donc accompagner le processus démocratique dans les pays arabes sans pour autant s'y mêler de trop près. L'auteur rappelle la maxime de Karl Marx qui disait que les révolutions sont les locomotives de l'Histoire. En novembre 1989, le chemin vers la liberté a été court et sans violences. Hier, la Tunisie et l'Égypte ont renversé leurs dirigeants et nous assistons actuellement à l'agonie des dictatures libyenne, syrienne et yéménite. Comment le monde arabe va-t-il évoluer ? Personne ne peut le dire. Pourtant, au bout du compte, ce pourrait être la naissance d'un monde plus pacifique.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Yann Durand