Carles Puigdemont libre!
6 avril 2018Carles Puigdemont avait été interpellé en Allemagne sur la base d'un mandat d'arrêt européen émis par Madrid. Mais même s’il reste sous contrôle judiciaire, le refus de la justice allemande de l'extrader pour motif de "rébellion" est un sérieux revers pour le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy.
"Le temps du dialogue est venu". Ce sont les premiers mots de Carles Puigdemont juste après sa sortie de la prison de Neumünster où il était détenu. L’ancien président catalan a aussi une exigeance : la "remise en liberté immédiate" des indépendantistes détenus en Espagne. Du côté de Madrid, même si cette remise en liberté passe mal, on préfère s’en remettre à la justice, comme l’explique Inigo Mendez De Vigo, porte-parole du gouvernement espagnol:
"Le gouvernement respecte et suit les décisions des tribunaux. Il est clair que M. Puigdemont est sous la juridiction allemande parce qu'il a fui la justice espagnole et attend la décision des autorités judiciaires allemandes qui ont clairement fait savoir qu'il n'est pas persécuté pour ses convictions politiques, mais a fui pour des raisons criminelles."
Un revers pour Madrid
Après l'abandon de l'accusation de "rébellion", la justice allemande doit encore examiner le deuxième chef d'inculpation : le détournement de fonds publics en lien avec l'organisation du référendum en Catalogne. Un chef d'inculpation moins grave, puni de seulement de quatre à huit ans de prison. Si Carles Puigdemont devait être extradé pour détournement de fonds, en vertu de la législation européenne, il ne pourrait donc plus être jugé en Espagne pour rébellion. Un douloureux revers pour le gouvernement de Mariano Rajoy, qui cherche à punir les indépendantistes catalans et qui se retrouve donc désormais au pied du mur. Sur ce dossier, le gouvernement allemand a fait part de sa position. "En ce qui concerne ce conflit catalan, la position du gouvernement allemand reste que ce conflit doit être réglé dans l'ordre juridique et constitutionnel espagnol.", explique Ulrike Demmer, porte-parole adjointe du gouvernement.
En attendant une décision finale sur son cas, Carles Puigdemont n’est pas autorisé à quitter l'Allemagne. Il devra par ailleurs pointer une fois par semaine dans un commissariat.