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Brigitte Mohnhaupt bientôt libre

Anne Le Touzé13 février 2007

La presse allemande commente ce matin la libération prochaine de Brigitte Mohnhaupt, ancienne figure de proue de la Fraction Armée Rouge (RAF). Le Tribunal régional de Stuttgart a décidé de libérer l’ex-terroriste après 24 ans d’emprisonnement. Une décision qui suscite des réactions contradictoires au sein de la population allemande, encore marquée par les vagues d’assassinats de l’automne 1977.

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Brigitte Mohnhaupt quittera la prison de Aichach (Bavière) à la fin du mois de mars, après 24 ans passés en prison. Trois autres membres de la RAF sont encore sous les verrous, dont Christian Klar qui a demandé la grâce présidentielle.
Brigitte Mohnhaupt quittera la prison de Aichach (Bavière) à la fin du mois de mars, après 24 ans passés en prison. Trois autres membres de la RAF sont encore sous les verrous, dont Christian Klar qui a demandé la grâce présidentielle.Image : AP

Die Welt titre « correct, mais sans plus ». Le journal reconnaît que la justice a joué son rôle, mais témoigne de sa compréhension envers ceux qui se sentent mal à l’aise face à cette décision, toute aussi correcte soit-elle d’un point de vue juridique. Lorsque des anciens membres de la RAF sont invités sur les plateaux des talk-shows, on sent toujours un reste de fierté dans leurs paroles. Et, regrette Die Welt, les criminels ont encore une certaine aura, alors que les familles des victimes passent pour des casse-pieds.

Aucune raison de jubiler, non plus, pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui rappelle que la RAF a combattu l’Etat et ses représentants. Toute réaction politique à la libération de Brigitte Mohnhaupt et à celle, future, des derniers ex-terroristes emprisonnés devrait, selon le journal, se montrer solidaire avec les victimes et faire pression pour que tous les crimes soient un jour éclaircis. Et certains représentants du peuple feraient bien de témoigner un peu plus de reconnaissance à la collectivité, pour laquelle de nombreux fonctionnaires ont risqué et perdu leur vie.

Pour la Frankfurter Rundschau, il ne faut pas saluer la décision du Tribunal parce qu’elle profite à une meurtrière, mais bien plus parce que la justice, et avec elle l’Etat de droit, montrent qu’ils sont dignes de confiance. Quand la peine est purgée et qu’une répétition des actes est exclue, la justice n’a d’autre choix que la libération. Toute autre décision serait arbitraire, et inquiétante pour n’importe quelle personne qui, coupable ou non, se retrouverait dans le collimateur de la justice. On peut donc se rassurer de voir que l’Etat de droit résiste à toute tentation de ce type envers ses anciens adversaires.

Un idée également défendue par la Süddeutsche Zeitung : malgré les attaques de toutes parts et le désarroi dans lequel il fut plongé il y a trente ans, l’Etat n’est pas devenu un Etat vengeur. En décidant ces libérations, l’Allemagne fait preuve d’humanité et montre sa force de façon bien plus impressionnante qu’en durcissant ses lois. Le « système » tant dénigré par les membres de la RAF est aujourd’hui généreux et bienveillant à leur égard. L’histoire de ces libérations, conclut le journal, laisse à espérer que l’Etat continuera à traiter les terroristes comme des criminels de droit commun et non comme des « ennemis » sortis du cadre juridique.

La Tageszeitung enfin, fait remarquer que la RAF a proclamé sa dissolution il y a presque dix ans. Et malgré cela, il est encore impossible de jeter un regard à froid sur son histoire. Au contraire : plus on avance dans le temps, plus les réactions sont exaltées. Pourtant, rappelle le journal, la Fraction Armée Rouge fait partie de l’histoire de la République fédérale. Et c’est seulement lorsque l’on cessera d’agiter son spectre, que les historiens pourront entamer leur travail de mémoire.