1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Bonne année 2006?

Anne Le Touzé4 janvier 2006

L’année 2006 sera une bonne année pour l’Allemagne, c’est ce qu’a affirmé la chancelière Angela Merkel. Un optimisme confirmé par les chiffres de la conjoncture révélés hier par les instituts économiques, des chiffres jugés positifs. Seul l’institut berlinois DIW est plus modéré dans son enthousiasme, notamment sur les effets de la conjoncture sur le marché du travail. Les journaux allemands restent également prudents...

https://p.dw.com/p/C71A
Feu d'artifice du Nouvel An au dessus du Reichstag et de la Brandeburger Tor, à Berlin. Pour l'instant, l'ambiance est à la fête.
Feu d'artifice du Nouvel An au dessus du Reichstag et de la Brandeburger Tor, à Berlin. Pour l'instant, l'ambiance est à la fête.Image : dpa - Report

Alors que cet été, Docteur Merkel jugeait que seule une opération brutale pouvait sauver le patient Allemagne, elle tente à présent l’homéopathie, estime la Süddeutsche Zeitung. Au peuple dubitatif, elle explique qu’il faut seulement y croire, pour ressentir les premiers effets de la guérison. Une expérience qui pourrait bien porter ses fruits, du moins en ce début d’année, grâce aux pronostics réjouissants livrés par les économistes. Mais, prévient le journal, si les belles paroles ont une chance de porter l’Allemagne jusqu’à la fin de 2006, elles ne pourront plus rien lorsque interviendra la plus forte hausse des impôts jamais enregistrée dans l’histoire allemande d’après-guerre, celle de la TVA, en janvier 2007.

Même écho chez Die Welt : malgré l’optimisme ambiant, le « boom Merkel », tel que le décrivent ses partisans, risque tout de même de se transformer en « dégringolade Merkel ». Car l’Allemagne ne pourra pas surmonter ses faiblesses avec sa seule bonne humeur. Le gouvernement doit profiter des conditions favorables et éviter à tout prix l’erreur de son prédécesseur, qui pensait que la croissance suffisait à résoudre tous les problèmes. Le temps est compté, prévient le journal. Car 2007 s’annonce beaucoup moins florissant que 2006.

Cela aurait pu être tellement beau, note la Tageszeitung : la Jeanne d’Arc des néolibéraux entre en scène, et hop, le train de la conjoncture se remet en marche et les emplois tombent du ciel !... Mais tout cela n’est que poudre aux yeux. Rien d’étonnant d’ailleurs, puisque les méthodes n’ont pas changé : démantèlement du système social, politique d’épargne aveugle et poursuite d’une répartition du bas vers le haut. Merkel rejoint les traces du chancelier Schröder, qui avait, avant elle, renoncé au combat contre le chômage au profit du combat contre les chômeurs. Depuis trente ans, les gouvernements sont influencés par des instituts économiques qui préconisent que seules des réductions de salaire peuvent créer de l’emploi. Il faut cesser de choyer les entreprises en espérant qu’elles créeront des postes. Seule la peur de sanctions peut empêcher une société de mettre ses employés à la porte tout en enregistrant des profits records. C’est peut-être vieux jeu, mais au moins c’est efficace : l’Etat doit, avec des lois, exercer plus de pression économique sur de telles entreprises.

Pour la Frankfurter Rundschau, deux options se présentent cette nouvelle année : soit l’Allemagne saisit la croissance en vol et en profite pour favoriser l’emploi, quitte à repousser d’un an l’assainissement des finances, soit Berlin peut annoncer à Bruxelles dès 2007 un retour à un faible déficit, quitte à couper l’effet de la croissance. Le gouvernement compte faire passer le déficit avant le chômage, regrette le journal, qui relève les conséquences concrètes d’un tel choix. Afin que le gouvernement Merkel puisse annoncer à Bruxelles un déficit de 1,9% au lieu de 3 ou 3,2%, le chômeur de Duisbourg-Rheinhausen, d’Offenbach ou de Frise orientale, lui, devra renoncer à l’espoir de trouver un boulot. Afin que l’Allemagne accélère l’assainissement de ses finances, les ouvriers de Stuttgart et les infirmières de Leipzig devront trembler un peu plus pour leur emploi. Absurde ? demande la Frankfurter Rundschau. Oui, mais c’est la réalité en Allemagne.