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Birmanie : un pas de plus vers la démocratie

2 avril 2012

Parmi les sujets qui ont retenu l'attention des éditorialistes, l'élection historique de l'opposante et prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi au Parlement, lors des élections législatives partielles d'hier en Birmanie.

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Image : Reuters

C'est une véritable révolution qu'est en train de vivre la Birmanie, selon la Süddeutsche Zeitung. Pendant 50 ans, les Birmans ont vécu dans un État de non-droit régi par des généraux. Ils ont été espionnés, enfermés, ont vu leur pays considéré comme un paria par le reste du monde. La femme la plus célèbre de Birmanie a passé 15 des 20 dernières années enfermée ou assignée à résidence. Mais aujourd'hui, les chances d'un changement durable sont là, estime le quotidien. À 66 ans, l'icône de la résistance démocratique a, pour la première fois, pu se présenter à une élection et elle l'a remportée. C'est une étape cruciale, et le plus étonnant c'est que la volonté de réforme est venue de la junte elle-même.

Aung San Suu Kyi après son élection au Parlement
Aung San Suu Kyi après son élection au ParlementImage : Reuters

Les généraux montrent depuis un certain temps maintenant qu'ils sont prêts à réformer le pays en profondeur, reconnaît également la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les élections législatives partielles de dimanche sont une nouvelle étape dans la bonne direction, même si elles ne changent pas grand chose à la donne politique, étant donné que les militaires gardent leur majorité au Parlement. Mais attention, prévient le journal : Aung San Suu Kyi a été tellement portée aux nues pendant cette campagne qu'elle risque d'avoir du mal à combler les attentes immenses placées en elle.

Même mise en garde du côté du Reutlinger General-Anzeiger : les militaires tiennent toujours les rênes du pouvoir et l'on peut craindre que le triomphe de l'opposante laisse rapidement la place à la déception. Aung San Suu Kyi peut, certes, s'asseoir à la table des généraux, mais elle n'aura qu'un poids politique modeste. C'est d'ailleurs une chose qu'elle connaît déjà : en 1990, son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, avait déjà remporté les élections, mais avait été empêchée par la junte de participer au gouvernement. La seule chance pour Aung San Suu Kyi, estime le journal, est de miser sur son endurance et sa ténacité. Dans cette discipline, elle est imbattable.

Le président birman, Thein Sein, a engagé un mouvement de réformes sans précédent
Le président birman, Thein Sein, a engagé un mouvement de réformes sans précédentImage : picture-alliance/dpa

Maintenant que les élections sont passées, les projecteurs vont se tourner vers l'Union européenne, prévoit le Tagesspiegel de Berlin. Les généraux ont rempli les conditions que Bruxelles avaient posées pour une levée des sanctions et les Européens seraient avisés d'agir rapidement. L'heure n'est, certes, pas à l'euphorie car la démocratie à l'occidentale ressemble à autre chose, mais la Birmanie a opéré des réformes à une vitesse incroyable. Un allègement des sanctions européennes pourrait aider les opposants à faire entendre leur voix.

Auteur : Anne Le Touzé
Édition : Sébastien Martineau