Berlin accepte d'aider l'Espagne
20 juillet 2012La Süddeutsche Zeitung dresse un tableau assez noir de la situation en Espagne. La paix sociale est fragile et aucune des institutions du pays n'est épargnée par une grave crise de confiance. La monarchie, la classe politique, l'élite économique et les médias ont tous baissé dans l'estime de la population. L'Espagne économise, réforme et restructure comme jamais auparavant, mais l'espoir se fait de plus en plus rare et la jeunesse part à l'étranger pour fuir le manque de perspective.
Le malaise est grand à Berlin et à Bruxelles, écrit la Tageszeitung. A propos de la crise de l'euro qui s'aggrave, de l'Espagne qui a elle aussi besoin d'aide et à propos des banques qui ont fait des spéculations hasardeuses et qui espèrent l'intervention du fonds de secours européen. Pour le journal, les « sauveurs » de la zone euro devraient se remettre eux-mêmes en cause : ils ont reconnu beaucoup trop tard le fait que la crise de la dette était doublée d'une crise bancaire. Et leur stratégie pour lutter contre cette crise est beaucoup trop timide. Au lieu de prendre le mal à la racine et d'assainir le secteur financier, ce qui impliquerait aussi la faillite de certaines banques, ils accablent les Etats de nouveaux fardeaux. Et cela renforce le cercle vicieux de la crise de la dette et des banques.
Pour beaucoup de députés, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c'est l'argument du ministre des Finances Wolfgang Schäuble qui a été décisif : il n'y a pas d'alternative, la stabilité de la zone euro entière est en jeu si on laisse l'Espagne se débrouiller seule avec ses banques. Mais il ne faut pas oublier que le pays reçoit ces aides à des conditions préférentielles. Et bientôt, l'Italie va en faire de même. Une fois de plus, ce sont en grande partie les contribuables allemands, et non les créanciers, qui rattrapent les erreurs de spéculation des banques.
En tant que principal contributeur du fonds de secours européen, ajoute la Neue Osnabrücker Zeitung, l'Allemagne se charge d'un projet colossal aux conséquences incertaines. On peut appeler cela responsable, car ne rien faire aurait sans doute été encore plus risqué. Mais ont peut aussi se demander où se trouvent les limites de la solidarité.