Barrer la route au populisme
26 juillet 2011La thèse d'un acte isolé est trop facile, affirme die tageszeitung. Elle convient bien au centre et à la droite islamophobe qui ont mauvaise conscience. Tous déclarent alors que l'attentat à la bombe et la fusillade sont des actes non politiques et l'auteur présumé Anders Behring Breivik ne serait rien d'autre qu'un fou. Pour le journal, l'opinion publique européenne a aussi sa part de responsabilité. Le courant de haine envers les musulmans a nourri les thèses du criminel. Die taz conclut : avec cette catastrophe, saisissons l'occasion pour prendre du recul vis-à-vis des discours islamophobes propagés un peu partout en Europe.
« L'Europe court à perte » : pour la Frankfurter Rundschau, voici la manière dont on pourrait résumer l'idéologie de l'assassin, qui parle d'une désintégration des cultures nationales sous l'influence de l'islam. Une allusion au livre de Thilo Sarrazin qui avait fait scandale l'an dernier en Allemagne, un livre critique sur les musulmans, vendu à de nombreux exemplaires et intitulé « l'Allemagne court à sa perte ». La seule différence note le quotidien, c'est que Thilo Sarrazin, ancien membre de la Banque fédérale, ne prône pas la violence pour mettre fin à ce qu'il dénonce. Mais les thèses sont les mêmes. Les populistes de droite ont gagné du terrain en Europe, poursuit la Frankfurter Rundschau, car ils apportent une réponse aux angoisses des populations sur le déclin social, le déracinement culturel et la mondialisation. Leur réponse est évidemment fausse puisqu'ils trouvent un bouc émissaire : l'étranger, source de tous les maux. Le journal conclut qu'il faut vite éliminer le populisme si l'on veut sauver la démocratie en Europe, mais nous avons pour cela besoin du courage de nos hommes politiques. Ils doivent se battre pour sauver la liberté et la tolérance dans nos pays.
L'hypocrisie de Bachar al-Assad
Un mot pour finir dans la Süddeutsche Zeitung sur la Syrie, alors que le président Bachar al-Assad a fait voter une nouvelle loi hier qui autorise la formation de partis politiques. Le président continue à faire le grand écart, critique le quotidien. Un jour, il est le tyran brutal qui réprime les révoltes dans le sang, avec déjà plus de 1600 morts depuis le début du mouvement de contestation. Et le lendemain, il met en œuvre une réforme. Sauf que cette décision arrive trop tard, la Süddeutsche Zeitung précise que la prochaine session parlementaire se tient dans deux semaines à peine. Et puis, il faudrait encore mettre fin au monopole du parti Baas au pouvoir, qui est d'après la Constitution, l'organe dirigeant de l'Etat et de la société.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Konstanze von Kotze