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Baisse du chômage en Allemagne

Christophe LASCOMBES1 juin 2007

En Allemagne, l’Agence fédérale pour l’Emploi annonce 160 000 chômeurs de moins pour le mois de mai et le taux national du chômage, qui était encore de 11 pour cent il y a un an, est descendu à 9,1 pour cent. D’un autre côté, il reste tout de même près de 3,8 millions de demandeurs d’emploi en Allemagne. C’est sans doute ce tableau contradictoire qui explique les réactions mitigées des commentateurs de la presse allemande de ce matin.

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«Nous recherchons 500 nouveaux collaborateurs» dit cette affiche d'une grande compagnie d'assurances. De fait, le chômage diminue en Allemagne. Mais malgré l'embellie, tous les chômeurs n'ont pas les mêmes chances...
«Nous recherchons 500 nouveaux collaborateurs» dit cette affiche d'une grande compagnie d'assurances. De fait, le chômage diminue en Allemagne. Mais malgré l'embellie, tous les chômeurs n'ont pas les mêmes chances...Image : PA/dpa

Certains jubilent, comme la Frankfurter Rundschau, pour qui ce succès est retentissant. En l’espace d’un an seulement, le chiffre des chômeurs a diminué de 700 000 personnes, le recul des contrats à durée indéterminée s’est transformé en un développement phénoménal d’emplois assujettis aux prélèvements sociaux et ce n’est que le début. Les experts économiques revoient une fois de plus à la hausse leurs prévisions de croissance pour cette année et l’année prochaine. Cette embellie économique n’est donc pas qu’un simple feu de paille.

D’autres journaux tempèrent cette euphorie et rappellent, à l’instar de la Landeszeitung de Lunebourg, la réalité des statistiques. Le renouveau que vit actuellement le marché allemand de l’emploi est dû pour moitié à la bonne conjoncture, pour l’autre à des facteurs saisonniers. En clair, la grosse coalition actuellement au pouvoir n’y est pour rien.

D’autres quotidiens encore vont plus loin dans la chasse aux illusions, comme Die Welt pour qui le problème du chômage ne va pas se résoudre de lui-même. En Allemagne, le marché du travail est marqué par une profonde fracture sociétale, pas seulement entre l’Est et l’Ouest, mais aussi et surtout entre personnel qualifiés et non-qualifiés. Alors que les entreprises recherchent désespérément des spécialistes et vont même jusqu'à promettre des primes pour l’embauche d’ingénieurs, le gros des assistés sociaux reste sans perspective et sans emploi. La plus belle conjoncture qui soit n’y pourra rien changer.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung enfin, cette tendance sur le marché de l’emploi annonce des rentrées supplémentaires dans les caisses de l’assurance-chômage. Bien. Mais pour si séduisante que soit l’idée d’utiliser ce surplus pour combler le déficit de l’assurance-maladie, ce qui stabiliserait encore plus l’emploi en diminuant le coût du travail, cette tactique soulève pourtant deux problèmes : d’une part, le gouvernement supprimerait ainsi au système de santé inefficace la pression nécessaire lui permettant de se réformer de l’intérieur, d’autre part, il devient plus qu’urgent de lancer un débat de fond au sujet du type de financement des futures prestations de l’assurance-chômage. En effet, la qualification de jeunes chômeurs qui n’ont jamais versé un euro pour le financement du système social, nous concerne tous, conclut le quotidien.