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"Baby Doc" jugé à Port-au Prince

Philippe Pognan21 février 2013

L'ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier est poursuivi pour corruption et détournement de fonds. La Cour d'appel doit décider jeudi s'il y a lieu de le juger aussi pour crimes contre l'humanité.

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Image : AP

Tel père, tel fils. Un dicton qui semble bien confirmé par l'exemple de Francois et de Jean-Claude Duvalier, les deux dictateurs qui auront le plus marqué Haiti au vingtième siècle. Arrivé au pouvoir après la mort de son père le 21 avril 1971, Jean-Claude Duvalier éveille au début certains espoirs. Agé de seulement 19 ans, « Baby Doc », alors plus jeune chef d'Etat au monde, ouvre quelque peu le pays en rétablissant des relations diplomatiques avec les Etats-Unis et la République Dominicaine voisine. Il tente aussi de démocratiser un tant soi peu Haïti, espérant ainsi obtenir une aide internationale.

Les méthodes dictatoriales reprennent le dessus

D'année en année, les méthodes de gouvernance de Baby Doc ressemblent de plus en plus à celles de « Papa Doc », Duvalier père qui a brisé toute opposition par la terreur semée par des bandes de gros bras et de tueurs, les "Tontons Macoute". Baby Doc contrôle tout le pays d'une main de fer, jetant les opposants en prison ou les faisant purement et simplement disparaître. La presse est muselée et ne chante que les louanges de son régime. En 1985, lassé des pressions internationales grandissantes pour une démocratisation d'Haiti, « Baby Doc » met en place une Constitution, instaurée suite à un référendum et il créé aussi un poste de Premier ministre. Du maquillage pour s'accrocher au pouvoir, dénoncent les opposants.

Dr Francois Duvalier Präsident Haiti
François Duvallier, président de la République d'Haïti entre 1957 et 1971Image : picture-alliance / United Archives/TopFoto

Gestion politique désastreuse, économie exsangue

Les Haitiens, dont la majorité vit dans la misère absolue, se révoltent. Confronté à une insurrection populaire sans précédent, le 7 février 1986, Jean-Francois Duvalier remet le pouvoir aux mains de l'armée et prend la fuite. Il n'est pas démuni : on estime qu'il emmène avec lui une fortune de plusieurs dizaines de millions de dollars. Vingt-cinq années durant, il vit tranquille en France. Un exil doré.. En 2004, surprise : Duvalier dit vouloir rentrer au pays afin de s'y porter candidat à l'élection présidentielle.

Une annonce qui reste lettre morte

En effet, ce n'est que sept ans après, le 16 janvier 2011, âgé de 61 ans, qu'il rentre au pays. Deux jours plus tard, l'ancien "président à vie" est inculpé pour corruption et détournement de fonds. Mais les plaintes d'Haïtiens pour crimes contre l'humanité - actes de torture, détention illégale, "disparitions" de membres de leurs familles - sont finalement rejetées en première instance pour raison de prescription. Ce jeudi, la Cour d'Appel de Port-au-Prince doit décider s'il y a lieu de juger Baby Doc pour ces violations des droits de l'homme. Dans un communiqué publié à Genève, la Haut-Commissaire de l'ONU chargée des droits de l'homme, Navi Pillay a demandé justice pour les abus commis dans le passé en Haïti.