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Aveux et menace terroriste

Sandrine Blanchard16 mars 2007

Khalid Cheikh Mohamed a fait de nombreux aveux. Ce membre présumé d’Al Qaida a concédé être « responsable de A à Z » des attentats du 11 septembre 2001 à New York, et d’avoir planifié 28 autres attaques. Le terroriste présumé a fait ces déclarations devant la commission militaire américaine chargée de l’auditionner, à Guantanamo, en l’absence, toutefois, de témoin et de son avocat. Et c’est là que le bât blesse, de l’avis quasi unanime des journaux allemands de ce matin.

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Entrée du Camp Delta sur la base américaine de Guantanamo
Entrée du Camp Delta sur la base américaine de GuantanamoImage : AP

« Quelle est la valeur de ces aveux ? » se demande la tageszeitung en première page. Il se peut, écrit le journal, que Khalid Cheikh Mohamed soit effectivement le « cerveau » des attentats du 11 septembre 2001. Simplement, le monde n’en saura jamais rien, parce que les Etats-Unis ont fait en sorte que ses aveux ne soient utilisables devant aucune cour de justice. Lorsque quelqu’un reste derrière les barreaux durant quatre ans, sans chef d’accusation, sans contrôle extérieur, et en grande partie dans des prisons secrètes où il subit diverses formes de torture, et qu’ensuite cette même personne avoue tant de méfaits, ses dires ressemblent moins à des aveux en bonne et due forme qu’aux déclarations d’otages contraints de lire un texte devant la caméra de leurs ravisseurs.

Autre son de cloches du côté de Die Welt. Le quotidien conservateur estime que les aveux de Khalid Cheikh Mohamed sont « crédibles malgré tout ». Die Welt livre une courte analyse psychologique du personnage avant d’en conclure que son objectif était d’entrer dans l’Histoire.

Signalons également un encadré instructif dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui revient sur les méthodes, très décriées, des tribunaux d’exception de Guantanamo.

Autre thème traité dans la presse allemande de ce matin: les menaces d’attentats formulées par des groupes terroristes irakiens à l’encontre de l’Allemagne.

La Frankfurter Rundschau se demande quelle menace pèse réellement sur le pays. La République fédérale, explique le journal, n’est pas à l’abri d’attaques. Aucun pays ne peut s’estimer hors de portée de criminels ou de terroristes. Et il est vrai que l’engagement allemand dans les régions de crise comme l’Afghanistan peut attirer l’attention. Mais le journal déconseille de céder aux menaces et de se désengager des conflits de ce monde. En période de mondialisation, écrit le quotidien, fuir la réalité n’a jamais été une garantie de sécurité.

« Niveau d’alerte orange », tension, nervosité sur Berlin, « guerre psychologique »... La Süddeutsche Zeitung évoque l’inquiétude des autorités quant à la survie des otages allemands, ainsi que ce qui n’est peut-être qu’une malencontreuse coïncidence : la vidéo de menace envers le gouvernement allemand a paru trois ans jour pour jour après les attentats de Madrid, le 11 mars 2007.