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Au Sénégal Dieynaba Sow a décidé d'abandonner l'excision

Mamadou Lamine Ba
6 février 2018

En cette journée mondiale contre les mutilations génitales, rencontre avec une jeune Sénégalaise qui, malgré la tradition familiale, a décidé d'arrêter l'excission.

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Beschneidung von Jungen
Image : Getty Images/AFP/M. Rasfan

Ce 6 février est la journée mondiale contre les mutiliations génitales. Près de 140 millions de femmes en seraient victimes dans le monde. 

Au Sénégal, par exemple, l'excision est encore une réalité dans la région de Kolda, dans le sud du pays, réputée très conservatrice. Malgré tout, depuis quelques années, les exciseuses sont de moins en moins nombreuses et la pratique recule. A 31 ans, Dieynaba Sow a ainsi décidé d'abandonner cette activité. Rencontre.

Il est onze heures à Sikilo, un des quartiers de la commune de Kolda. Dieynaba Sow, s'affaire dans une case. Ses enfants jouent à côté. Dans la concession, deux bâtiments séparés par une case qui fait office de cuisine. Il y a encore quelques années, Dieynaba pratiquait l'excision dans le village de Bignara, à cinq kilomètres de Kolda. Cette pratique était une tradition familiale. "Je l'ai héritée de ma maman, qui l'a héritée de ses parents. Elles étaient toutes des exciseuses. Quand j'étais enfant, je l'accompagnais dans ses déplacements. Elle est tombée malade une année. Quand elle a senti sa mort venir, elle m'a transmis sa pratique", raconte-t-elle.

Peu rentable

Ce travail, elle l'a exercé dans de nombreux villages environnants. "On a parcouru beaucoup de villages pour exciser. On allait exciser jusqu'à la frontière de la Guinée-Bissau. J'ai aussi excisé jusqu'à Bignara." 

Si la fonction était considérée socialement, elle n'est pas si rentable pour ses pratiquantes. "Il n'y a pas de paie. C'était un morceau de savon, deux kilos de riz, un coq et mille francs. C'est tout." 

Gummiband als Aidsbekämpfung in Uganda
Image : I.Kasamani/AFP/GettyImages

À trente-trois ans, Dieynaba a abandonné cette pratique ancestrale suite à une campagne de sensibilisation par l'association sénégalaise pour le bien-être des femmes. Ses deux filles ne sont pas excisées. "Ici on a abandonné l'excision des petites filles. Elles sont six filles dans le coin mais elles ne sont pas excisées". Dieynaba a reçu un appui des ONG mais le projet a été un échec. Malgré ça, elle n'est pas prête à reprendre l'excision. "On m'a financée sur un projet de trois chèvres. Mais elles sont toutes mortes. N'empêche, je ne compte pas recommencer à exciser."

Aujourd'hui, son quotidien se résume à ses activités ménagères. "Du matin au soir, je ne fais que balayer, aller au marché, cuisiner et vendre des glaces". En Mai 2017, cent dix-sept villages ont banni l'excision dans le Fouladou. La pratique est en phase d'éradication au Sénégal.