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Economie

Au Sénégal, des comités de dialogue contre le vol de bétail

29 décembre 2017

Depuis des années, les villages casamançais frontaliers avec la Guinée-Bissau sont victimes de pillages. Des responsables de collectivités locales ont décidé de créer des comités de dialogue transfrontaliers.

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Image : Fotolia

Le vol de bétail continue d'occuper l'actualité dans les villages casamançais frontaliers avec la Guinée-Bissau où des troupeaux entiers sont décimés régulièrement par des bandes armées qui les convoient vers la Guinée-Bissau. Pour endiguer ce phénomène, les populations de la zone ont créé des comités de dialogue et d'échanges transfrontaliers regroupant les villages bissau-guinéens et sénégalais, explique Ly Kéba Sadio, responsable d'un de ces comités :

''Si nous regardons bien, dans le Balantakounda (zone regroupant des centaines de villages en Moyenne Casammance, ndlr), il n'y a plus de bétail. Donc, les actions que nous comptons mener, c'est d'abord un dialogue entre les villages frontaliers pour essayer de barrer la route aux bandits qui font ce vol de bétail''.

Toutes les difficultés du monde pour rapatrier les bêtes

Ousmane Mansaly, maire d'une des communes rurales les plus touchées par le fléau, demande aux autorités bissau-guinéennes, au niveau de la zone frontalière, de faire plus de preuve de collaboration pour faciliter la restitution des bêtes volées en cas de leur découverte. ''On vous vole vos bêtes, vous vous mettez à leur recherche, vous retrouvez votre bétail en Guinée-Bissau, mais vous avez tous les problèmes du monde pour les récupérer. Il s'agit justement des bœufs qui ont été volés à Fassane, dans ma commune", explique-t-il. "Au moment où je vous parle, ces 400 000 francs CFA (la somme que les autorités locales bissau-guinéennes de l'autre côté de la frontière avaient demandée pour faciliter la restitution des bœufs volés, ndlr) sont restés comme une pierre jetée à l'eau, parce qu'on ne nous les a pas restitués et moins encore les 15 000 têtes qui ont été volées. C'est pourquoi je dis qu'il faut vraiment des facilités de l'autre côté, au niveau de leurs autorités locales ou nationales, pour que nos populations victimes de ces vols puissent rapidement entrer rapidement en possession de leurs bêtes''.

La société civile comme médiateur

Abdoul Khadre Gassama, responsable d'une ONG locale qui travaille depuis des années pour la pacification de cette zone frontalière note que le rôle de la société civile, dans cette affaire, ne peut être que celui de facilitateur à travers des plaidoyers : ''En tant qu'organisation de la société civile, nous n'avons pas de pouvoir de décision. Donc, nous nous impliquons fortement pour amener les pouvoirs publics à prendre en charge ces préoccupations, pour qu'effectivement les populations puissent jouir de leurs biens. Et qu'à chaque fois qu'il y a un vol de bétail en Casamance, et que ce bétail est transféré en Guinée-Bissau, on puisse saisir l'autorité compétente au niveau de la Guinée-Bissau. Pour que ce bétail puisse revenir aux propriétaires, pour installer un climat de paix et de dialogue entre nos différents peuples. Donc, tout ce que nous faisons, c'est nous appuyer sur des mécanismes. Ces mécanismes, c'est le lobbying et le plaidoyer pour amener les autorités à comprendre les enjeux et la portée de notre mission et à nous accompagner dans ce processus''.

À noter qu'une structure pastorale locale, en relation avec un partenaire italien, a proposé récemment contre 10 000 francs CFA un logiciel qui permet de géolocaliser une vache en cas de vol, et ce pour lutter contre les nombreuses razzias qui déciment le cheptel dans la région.